Direction la Turquie cette semaine, pour le son du lundi, avec Selda Bağcan. Cette légende de la musique folk turque est aussi une activiste très engagée.
Selda Bağcan est née en 1948. Elle se passionne très tôt pour la musique, encouragée par son père. Elle apprend la mandoline et le chant dans sa jeunesse. C’est en 1971 qu’elle commence sa carrière, alors qu’elle était étudiante à l’université d’Ankara. Les premiers disques qu’elle sort sont tout de suite un énorme succès. Elle fait de grandes tournées dans tout le pays mais aussi dans toute l’Europe.
Elle devient l’une des figures emblématiques de la musique turque engagée. Sa musique, que l’on pourrait qualifier de folk anatolienne la rend incontournable. Très populaire, Selda Bağcan devient dans les années 70 la voix du peuple turc, celle qui rend compte de sa souffrance et de ses luttes, avec ses chansons engagées en faveur de la classe ouvrière et du partage des richesses. Ses prises de positions et son militantisme lui ont valu des difficultés avec les autorités turques tout au long de sa carrière.
En effet, en 1981, peu de temps après le coup d’État en Turquie, Selda Bağcan est emprisonnée trois fois pour ses idées. Les autorités lui confisquent même son passeport, et ce, jusqu’e 1987. Dès qu’elle le récupère, elle reprend ses tournées à l’international, notamment en Europe. Elle devient un modèle de force et de contestation pour de nombreuses femmes et jeunes filles turques. Elle continue à dénoncer les politiques injustes envers les opprimés, et les atteintes aux libertés individuelles.
Dans le morceau Utan Utan, Selda Bağcan parle des ouvriers malmenés par les autorités. Au début des années 60, l’Allemagne de l’Ouest et la Turquie passent des accords pour faire venir des travailleurs turcs, « invités » en Allemagne. Ces accords initiés par la Turquie ne laissaient pas vraiment le choix aux citoyens qui étaient envoyés à l’étranger.
Aujourd’hui, bien que plus rare, elle continue de performer sur scène. Sa musique a été samplée par de nombreux artistes à l’étranger, notamment Mos Def ou encore Dr Dre.