[Portrait] Folorunso Alakija, l’histoire d’une milliardaire

Dialna - Folorunso Alakija

Femme d’affaires fructueuse, la Nigérianne Folorunso Alakjia a un parcours incroyable qui commence par de la couture pour finir dans le pétrole. Récit.

Quand on s’écoute, c’est la confirmation que l’on a vraiment confiance en soi, qu’il y a quelque chose en nous qui nous guide vers un chemin magique, vers d’autres sphères. S’il y a bien une femme qui a écouté sa voix intérieure, c’est Folorunso Alakija, passée du statut de couturière à celui de milliardaire du pétrole ! Une histoire qui mériterait un biopic avec Viola Davis au cinéma. Prenez du pop-corn, installez-vous confortablement et préparez-vous à découvrir le fabuleux destin de cette femme africaine hors du commun.

Dialna - Folorunso Alakija
Folorunso Alakija
(DR)

Folorunsho Alakija est née le 15 juillet 1951 dans une famille de la classe moyenne supérieure, de la région de Lagos, au Nigéria. Son père a épousé huit femmes et a eu 52 enfants. La mère de Folorunso était sa première épouse. Elle a bénéficié d’une éducation privilégiée et a mis chaque étape de son parcours au service de sa vie.

Folorunsho signifie « celle qui est protégée par Dieu », elle se sent bénie d’être née dans une grande famille polygame, pour elle il n’y a pas de meilleure école de vie ! Avec autant de personnes brillantes, courageuses et solidaires, on ne peut que se sentir protégée. À l’âge de 6 ans, elle est envoyée en Angleterre chez un frère aîné et a apprend à s’adapter socialement, physiquement et mentalement. « C’était un grand changement pour moi ! Le climat était hostile pour la petite fille qui avait vécu au soleil toute sa vie, qui n’avait jamais eu à porter un manteau et des chaussettes à hauteur des genoux, je n’aimais pas le froid et je n’aime toujours pas le froid », déclare-t-elle dans Arise News 21.

À l’âge de 11 ans, elle retourne au Nigeria. C’est dans l’atelier couture de sa mère qu’elle tombe amoureuse de la mode ! Elle apprend à coudre, à créer un style , mais aussi à vendre ses créations. Au milieu des années 70, à a vingtaine, Folorunsho Alakija épouse l’avocat Modupe Alakija, avec qui elle a quatre fils et vit confortablement à Lagos.

La jeune Folorunsho Alakija souhaite retourner en Angleterre pour étudier le secrétariat au Pitman’s Central College de Londres. Le secrétariat lui apporte une certaine rigueur dans le traitement des documents, une façon de s’organiser et de structurer ses projets. Elle a commencé sa carrière professionnelle à l’ancienne First National Bank of Chicago, devenue plus tard la célèbre FinBank, en tant qu’assistante exécutive du directeur général. Elle monte en grade et devient la cheffe du département des affaires corporatives de l’International Merchant Bank of Nigeria.

De la mode au pétrole

Folorunsho pourrait s’arrêter là et se dire que la vie est douce mais non. Femme d’affaires avisée, elle retourne à Londres pour étudier la mode à la Central School of Fashion, elle lance une capsule, puis une collection, puis une ligne de vêtements, The Rose Of Sharon House of Fashion en 1996. Le succès est au rendez-vous ! L’argent afflue et elle peut garantir seule la sécurité financière de sa famille.

Affaires, mode, famille – on pourrait penser que Folorunsho Alakija a coché toutes les cases de la réussite, mais cette femme se respecte et se fait confiance, parce qu’elle écoute son intuition. Lors d’un voyage d’affaires, elle a rencontré une amie dans l’avion, qui lui a parlé d’une manière très énigmatique : « Tu sais, j’aimerais te parler en personne lorsque nous atterrirons au Nigeria, si ce groupe me laisse tomber dans cette affaire, je viendrai te voir, d’accord ? ».

Quelques jours plus tard, cette amie frappe à la porte de Folorunsho Alakija et lui remet un gros dossier de plusieurs centaines de pages. Sa formation et son expérience lui ont permis de lire tous les détails de ce document. Et dans ces quelques pages, elle tenait son destin entre ses mains, celui d’une terre qui serait remplie à 100% de pétrole brut nigérian à extraire…

Dialna - Folorunso Alakija
Folorunso Alakija
(DR)

Les deux amis prennent rendez-vous avec le ministère du Pétrole et des Ressources naturelles du pays, et bien avant eux, des compagnies étrangères ont tenté de forer sur ce terrain, mais rien n’y fait. Après 3 ans de multiples négociations, réunions, déceptions, et deux changements de ministres, Folorunsho Alakija acquiert la propriété de ce terrain et devient la première femme de son pays à obtenir une licence de forage.

Pendant trois ans, Folorunsho Alakija a creusé son terrain sans trouver une seule goutte de pétrole. Pendant que la machine de forage creusait, elle se formait à l’industrie et à l’aspect technique du pétrole, sur le terrain et dans les universités. Un domaine , principalement géré par des hommes. « Je voulais m’asseoir dans ces grandes salles de réunion avec ces hommes de pouvoir et leur tenir tête », déclarait-elle.

Son mari lui dit qu’il serait peut-être sage d’arrêter ? Les machines à forer coutent une fortune à la location au quotidien. Pourquoi continuer alors que les compagnies étrangères qui l’ont précédée n’ont rien trouvé ? Avec un calme olympien, elle répond : « Dieu a fermé les yeux de tous les êtres humains de la planète sur ce morceau de terre, sauf les miens. » Arise News 21

Tout le monde est à bout de souffle avec ce projet, y compris les comptes bancaires. Chaque jour, Folorunsho Alakija disait à son équipe de continuer à creuser. Quand le forage atteint 1,52 km de profondeur, le pétrole jaillit enfin du sol ! Trois ans plus tard, la société américaine Texaco frappe à sa porte pour lui proposer un plateau technique avec ingénieurs et tout ce qui va avec, et bien sûr le droit de se servir dans la matière première. C’est mal connaître Folorunsho Alakija qui a négocié ce partenariat sans relâche pendant 3 mois. Un bon deal, c’est quand les deux parties sont gagnant !

Stratège pétrolier

Juste avant de signer avec Texaco, une autre compagnie pétrolière, Statoil, est venue toquer à la porte de Folorunsho Alakija et lui a fait une offre en or. Folorunsho Alakija est alors allée voir Texaco et lui a montré les avantages du contrat avec Stateoil.  Texaco n’a pas voulu rater cette occasion et s’est plié aux exigences de Folorunsho Alakija. Aujourd’hui, Folorunsho Alakija est milliardaire.

En 2020, elle fait la une du magazine Forbes, qui l’a classée parmi les femmes les plus influentes d’Afrique. Lorsqu’on lui parle de ce titre, elle n’y voit pas son intérêt, elle aime l’idée d’être à l’aise financièrement et de pouvoir s’acheter ce qu’elle veut. Elle se sert de ce titre et de cette couverture principalement pour aider les autres. Car Folorunsho Alakija est une croyante déterminée, convaincue que plus on donne, plus on reçoit. Et le don doit être un acte de foi sincère, et non un investissement.

Elle a créé sa fondation, qui s’occupe des femmes veuves et des enfants orphelins, et pendant la pandémie, Folorunsho Alakija n’a pas laissé tomber les femmes d’Afrique.

« Si le gouvernement n’a pas d’argent, nous avons les moyens d’aider, nous avons donné près de 2 millions d’euros pendant la pandémie. Je suis une femme, je suis africaine, ce continent doit continuer à croître » Arise News

Il fallait convaincre les plus puissants, son tempérament et son allure l’ont aidée. Il fallait lire des pages et des pages de contrats, son instruction et son intelligence l’ont servie. Il fallait croire en ce projet, sa foi et sa détermination l’ont guidée.

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