« Quand on me dit ‘je découvre que c’est stylé de chanter en tachlehite’, je me dis que j’ai réussi mon pari. J’ai gagné ! » Ahmed Soultan est fier de ses racines et de sa culture. S’il est venu à la musique un peu par hasard, le reste de sa carrière, lui, ne doit rien à la chance. Il garde en tête ce qui compte pour lui. Depuis ses débuts en 2005, il a construit son style, en affirmant haut et fort son identité. Résultat, une musique moderne inspirée des grands producteurs américains, mais à la marocaine, solidement ancrée en Afrique. Une démarche évidente pour le jeune homme. Sous ses airs insouciants, Ahmed Soultan est un véritable artisan marocain, qui allie savoir faire et sens du commerce, comme on en trouve dans la région du Souss, dont il est originaire.
Les racines marocaines
Ahmed Soultan est né au Maroc, dans la région de Taroudant, en 1979, dans un environnement rural. À six ans, il débarque en France avec sa famille, rejoignant son père parti travailler dans les usines de la région parisienne. Le lien avec le Maroc n’est jamais cassé, il y retourne pendant des semaines, voire des mois, chaque année. À l’adolescence, il commence alors à partir seul au Maroc, en car. « De par leur expérience, mes parents nous ont élevés dans la débrouillardise très vite. Ça n’a jamais choqué personne que je parte seul, à 14 ans, et en pleine année scolaire ! », lance-t-il dans un éclat de rire.
C’est à ce moment là, qu’il découvre le surf, une vraie révélation pour l’adolescent qu’il est alors : « la première fois que je suis allé à Casablanca, j’ai vu mes cousins et amis en faire. Dès le premier essai, j’ai su que je ne voulais faire que ça. En rentrant à Paris, j’avais besoin de retrouver ces sensations. Je suis même allé voir si on pouvait surfer sur la Seine ! », plaisante-t-il. Les aller-retours au Maroc se multiplient, les séjours se rallongent, et à chaque fois, l’envie de ne plus rentrer en France devient plus forte : « Je faisais semblant de perdre mon passeport avant chaque retour, pour profiter un peu plus », confie-t-il.
« Mes racines sont au Maroc. »
Ahmed Soultan, chanteur
Une fois le baccalauréat en poche, il n’a plus aucune contrainte en France. La décision est prise : « C’était une évidence. Pourquoi y rester, alors que ce n’est pas chez moi ? Mes racines sont au Maroc ». Cet enracinement servira de socle à son travail. Pour autant, la musique n’est aucunement une possibilité à ce moment là pour le jeune homme. Son ambition première, c’est le surf. Il décide de travailler la terre pour s’assurer un revenu : « Je voulais me la couler douce, et vivre tranquillement. Argan en été, Safran en novembre. Je ne faisais pas un gros chiffre d’affaires, mais j’étais tranquille et ça me suffisait pour vivre ». Sous ses airs de dilettante, il développe une activité lucrative sur sa terre natale, et devient un producteur renommé.
Des planches de surf aux planches de la scène
Le surf le pousse à gratter la guitare, sans vraiment y voire une opportunité professionnelle, la musique étant peu présente dans la vie du jeune homme. Pourtant son oncle, Ammouri M’Barek, avec son groupe Ousman, est une légende de la musique marocaine, et amazigh. « Quand j’étais jeune, je ne réalisais pas à quel point sa musique était extraordinaire. À l’époque, pour moi, c’était surtout la musique qui tournait en cassette à la maison. J’ai réalisé après coup que ses mélodies étaient dingues. Il a cassé les codes de la musique amazigh traditionnelle et a déconstruit son rythme pour en faire quelque chose de nouveau. Son apport à la musique est aussi important que celui de Nass el Ghiwane. Sans le savoir, j’ai dû développer cela… », explique-t-il.
« On a une culture qui est si riche ! Alors j’ai décidé que j’allais l’exploiter, et fidéliser un public, en cassant les frontières. »
Ahmed Soultan
C’est lors d’un de ses séjours en France, au début des années 1990, que la musique frappe à sa porte. Il apprend que des amis de quartiers viennent de signer en maison de disques. Il s’agit du groupe Afrodiziac. Il se souvient en riant d’un ami qui lui dit alors « LS et son cousin ont signé un contrat, c’est bon on est sauvé ! » Pour donner un coup de main à ses amis, il participe aux réunions avec la maison de disques et se découvre, sans le savoir, des talents de manager. Il confie : « j’ai commencé à percevoir les failles entre les différents intermédiaires, et certains aspects qui étaient délaissés ». Pendant quelques années, il devient l’homme de l’ombre du groupe Afrodiziac, et d’autres artistes émergents. Il découvre les rouages du métier, étudie les contrats, participe aux tournées, assiste aux passages télé. « Pendant ces sept, huit années, j’apprends tout du métier, et surtout les erreurs à ne pas reproduire », explique-t-il.
Parallèlement, il accompagne aussi certains artistes en studio. « Je jouais un peu de guitare, alors j’y allais pour jouer les samples. Je suis devenu le joueur de samples officiels pour de nombreux artistes ! », raconte-t-il. En côtoyant les musiciens, il découvre aussi comment les productions musicales sont faites. C’est à ce moment que son entourage l’encourage à créer et composer. Son ami LS lui apprend à se servir d’un sampleur, et le processus est lancé. « Il est vraiment celui qui m’a poussé à me lancer. Tout ça, c’est grâce à lui, j’en suis reconnaissant », explique-t-il. De retour au Maroc, il commence à composer, et prend alors conscience de l’importance et de la richesse de son patrimoine culturel en tant que marocain et amazigh. Il décide de l’exploiter à sa manière, de chez lui : «On a une culture qui est si riche ! Il y a un marché qui n’est pas exploité, des langues qui ne sont pas valorisées. Alors j’ai décidé que j’allais travailler tout cela, fidéliser un public, en cassant les frontières ».
Il mêle alors les sonorités marocaines et amazigh aux productions soul, et r’n’b, plus américaines. Pour les paroles, il n’y avait aucune autre possibilité pour Ahmed Soultan que de chanter en darija, l’arabe marocain, quitte à l’imposer. L’utilisation de cette langue populaire n’était pas encore courante dans la musique ou même à la télévision marocaine, contrairement à la rue. « Au Maroc, on n’était pas encore habitué à entendre cette langue dans la musique, ou dans les médias, car elle avait l’image d’une langue vulgaire. On lui préférait l’arabe classique, ‘fossha’. Il a fallu convaincre tout le monde, dont les radios, d’accepter mes chansons en Darija. Mais je ne me voyais pas chanter autrement », explique-t-il. Ses talents de commerçant et de manager ont servi sa cause. Il impose ses paroles en Darija, première étape dans sa création. Pour l’ouverture de sa musique, il écrit aussi ses chansons en anglais et français.
Afrobian, l’identité multiple et assumée
Il compose et produit son premier album tout seul, pendant sept longues années, entre une ferme à Sidi Bibi et le quartier Dakhla, à Agadir. « Ça a été laborieux, j’ai eu pas mal de bas, et parfois un haut ! Avec mon ingénieur son, on a pris le temps de définir mon identité sonore, comme une marque de fabrique. Afrobian was born », explique-t-il, laconiquement. Le terme Afrobian (qu’il reprend d’ailleurs en titre sur son dernier album), est au cœur de sa démarche artistique, comme une manière de revendiquer son identité multiple, africaine, et arabophone. En produisant son album en indépendant, et en s’ancrant complètement au Maroc, sans démarcher les maisons de disques et structures françaises, il crée une situation inédite. « Mon marché, c’est ici : le Maroc, et l’Afrique. Géographiquement, je suis africain, pourquoi aller là où on ne me comprend pas, là où on ne comprend pas mon identité ? », plaide-t-il.
Il tourne ses clips, démarche les radios, et sort donc enfin son premier album, Tolerance, en 2005. L’artiste est fidèle car on y retrouve sa sœur Samira, avec qui il écrit, et compose, ainsi que ses amis du groupe Afrodiziac, qui l’accompagnent sur son premier single, Ya Salam. Dès la sortie, le titre passe en boucle sur toutes les radios. « Je me suis retrouvé en playlist, un peu partout dans le monde arabophone, du Maroc à l’Egypte, ainsi que sur MTV, sans oublier les prime time en télévision nationale et satellitaire, sur 2M », détaille-t-il.
L’une des particularités de la musique d’Ahmed Soultan, c’est la douceur qui s’en dégage, que ce soit à travers les productions, les textes ou sa voix. Une qualité que le chanteur assume et revendique comme partie intégrante de sa culture : « Ce n’est pas une posture. C’est bien plus culturel que ce que l’on croit. Chez nous, en terre amazigh, les hommes peuvent témoigner de la douceur, envers leurs proches. Bien sûr ils sont parfois rugueux. Mais ce n’est pas honteux d’être doux. il ne faut pas oublier que dans les sociétés amazigh, ce sont souvent des structures matriarcales. On est accueilli par des femmes : mères, tantes, grand-mères. On est proches de nos soeurs, cousines sans aucune honte. Mais c’est vrai que certains hommes me l’ont reproché. Et alors ? », lance-t-il.
Très rapidement, le jeune homme va au Sénégal, pour faire connaître sa musique et rencontrer les artistes locaux. «Pour moi, c’était LA scène urbaine en Afrique à ce moment là. Je ne pouvais pas ne pas y aller », confie Ahmed Soultan. Là-bas, il enregistre un morceau avec des artistes sénégalais, Fafadi et Amajan. Jokko est interprété en arabe, en woloff et en anglais. Le chanteur marocain prend alors conscience des possibilités artistiques en Afrique. Le Sénégal lui ouvre es portes d’autres pays comme le Ghana, le Nigéria, l’Afrique du Sud, etc .. D’ailleurs, encore aujourd’hui, ses références musicales restent liées au continent africain : «J’écoute essentiellement des artistes africains. En ce moment, j’aime beaucoup Ami Faku et son morceau ‘‘Ndithethe Wena’, ou encore l’incontournable Burna Boy et son bel album ‘African Giant », livre-t-il.
« Mes langues, ce sont le darija et le tamazight, pourquoi j’irai chanter en fossha » ?
Ahmed Soultan
Partout où Ahmed Soultan passe, c’est le succès, avec à chaque fois, de belles collaborations à la clé. C’est cette ouverture vers l’Afrique qui vont l’amener à se faire connaître ailleurs en Europe. Un jour, en parcourant la toile, il réalise que l’un de ses titres passe en radio sur la BBC Afrique. « Je voyais mon titre ‘Ya Salam’, avec en auteur la mention ‘unknown’ (inconnu). Je les ai alors contactés pour leur dire que c’était mon morceau. Ils étaient étonnés de voir que ce genre de titres existaient en Afrique. Pour eux l’Afrique, c’était uniquement l’Afrique subsaharienne. Avec cette rotation, j’étais Africain, et pas issu du Moyen Orient. Je suis fier que mon identité africaine ait été reconnue », reconnaît-il.
Son succès atteint aussi les pays du Moyen Orient. Lors de ses passages radios et télé là-bas, on lui reproche l’utilisation du darija marocain. Mais le jeune homme est intransigeant sur son identité : « On me demandait de faire des versions de mes chansons arabe fossha, ou ‘white arab’, c’est à dire l’arabe parlé au Moyen Orient. Mes langues, ce sont le darija et le tamazight, pourquoi j’irai chanter en fossha ? », se défend-il. Ahmed Soultan aime à se voir en défricheur, qui aide à faire accepter et à valoriser l’utilisation de la langue populaire dans les médias au Maroc. « J’ai constaté de plus en plus de publicités, de personnalités médiatiques utiliser le darija. Aujourd’hui c’est normal de l’entendre partout. C’est bien beau de brasser toutes les cultures en Afrique du Nord, mais il faut valoriser la sienne aussi », affirme-t-il. Son envie de se réapproprier sa culture, son africanité est non négociable. Et elle passe aussi par son identité amazigh. Son deuxième album, Code, sorti en 2009, fût l’occasion de le faire : « Je voulais amener la langue amazigh dans ma musique, et aller là où on ne m’attendait pas. J’aurais pu faire un Ya Salam Bis, Ter etc.. Mais c’était un challenge personnel d’écrire en tachlehite, en faire quelque chose de cohérent, et d’audible pour les non amazighophones ».
Cette deuxième bataille linguistique, il la mènera avec le morceau Achkide (Viens, en français), dans lequel il chante son amour pour son pays : « Pour faciliter l’acceptation, j’ai d’abord voulu chercher une phonétique simple, pour ne pas perdre le public non amazigh. Ce que je voulais c’est que, même s’il ne comprend pas le sens, quelqu’un qui entend ‘Achkide’ au Ghana par exemple, puisse fredonner et kiffer le morceau », développe-t-il. Ensuite est venue la question des paroles à proprement parler. Il poursuit : « Il a fallu aussi mettre du sens dans le texte en respectant une structure moderne de chanson avec des couplets, un refrain, etc ». Le pari est plus que réussi. Achkide a été un bon tremplin pour ce deuxième album et le morceau a rencontré un franc succès au Maroc, mais aussi auprès de la diaspora marocaine et particulièrement amazigh en Europe qui était déjà séduite dès le premier album. «J’ai réalisé que beaucoup d’amazigh pensaient que leur culture était dépassée. Cette chanson et son clip ont permis à certains de revoir leur culture positivement, et de reprendre confiance, de se réaffirmer sereinement. Évidement je suis très fier d’avoir peut-être produit un mini-classique, à ma manière », confie Ahmed Soultan.
Un retour aux sources
Ce qui compte pour lui, c’est d’être positif dans ses chansons. Il refuse de parler de problèmes de société dans ses morceaux. Pas par manque d’intérêt, mais plutôt pour éviter d’être enfermé dans une case. « Quand tu choisis cette voie, tu restes coincé dans une temporalité, et elle t’emprisonne », affirme-t-il. Même si parfois certains lui reprochent un manque de positionnement, il balaye ces critiques : « Les gens s’indignent sur les réseaux sociaux et me demandent pourquoi je n’ai rien dit sur les inondations à Taroudant de cet été, par exemple. Je n’ai rien dit sur Instagram, mais je vis là-bas. Je construis des choses pour ma communauté au travers de mes diverses associations sur place. Je ne vais pas en plus les afficher pour me donner une image de mec engagé », se défend-il.
« Je ne voulais pas me retrouver étranger à moi-même. J’avais besoin de revenir sur mes terres. »
Ahmed Soultan
Ahmed Soultan continue son parcours auréolé de succès au Maroc et à l’international. Ses morceaux servent de bande son à un feuilleton très populaire au Maroc et auprès de la diaspora en Europe, Rhimou. Les prix se multiplient (notamment pour MTV), il fait des concerts un peu partout dans le monde, sauf en Europe. Les sollicitations pour des collaborations et partenariats en Afrique et en Orient sont de plus en plus nombreuses. Très vite, il craint d’être déconnecté de sa réalité et ressent le besoin de se ré-ancrer chez lui. La peur de décevoir ou perdre son public de base, très fidèle est imprégnée en lui : « Je ne voulais pas me retrouver étranger à moi-même. J’avais besoin de revenir sur mes terres», confie-t-il. Une fois les tournées finies, et malgré le succès et les prix, il retourne à sa ferme. Il y cultive l’orge, l’argan et vit en quasi indépendance. Mais il ne ferme pas totalement au monde de la musique. En effet, il continue à produire de nombreux artistes au Maroc et dans le reste du continent africain.
Petit à petit, il se remet à travailler, et se penche sur son troisième album, Music Has No Boundaries (MHNB), sorti au Maroc, en 2016. Mais pour cela il a besoin d’être au calme. «J’ai besoin d’une atmosphère particulière et de sérénité pour écrire et penser à la musique ». Le retour à la terre l’aide à faire le vide, condition nécessaire à la création. Il raconte d’ailleurs la genèse du morceau Afrobian : « J’étais en train de planter de l’orge chez moi, quand j’ai eu l’idée de la mélodie et de la rythmique. Je me suis mis à fredonner un air, en soulevant les épaules. J’ai su qu’il était temps de m’y remettre », raconte-t-il en riant. Sur ce morceau, on retrouve d’ailleurs de très grands noms de la musique internationale. Il confie avoir mis quatre ans pour réussir à l’enregistrer, le temps de pouvoir caler les rendez-vous avec chaque invité, à savoir les prestigieux Femi Kuti, Fred Wesley, Pee Wee Ellis et Mehdi Nassouli.
À l’ère du streaming et du numérique, le chanteur tient encore au format physique du disque : « C’était important pour moi. Il faut qu’on continue à garder cet aspect concret du disque. J’imagine que c’est une histoire de générations. La plupart des gens qui me suivent ont quasiment grandi avec moi. C’est un lien exceptionnel qui quand on arrive à l’entretenir vous place dans un rapport qui doit se matérialiser. Et quoi de mieux qu’un disque pour cela ? Il faut aussi avouer qu’une partie de mon audience est offline », admet Ahmed Soultan. Authentique artisan, il fait tout tout seul, de la production à la distribution. Là encore, son sens aigu du commerce et de la débrouillardise le guide dans sa démarche. Sa vision laisse ses interlocuteurs dubitatifs face à ses choix, comme celui de vendre son album en supermarché : «Je me suis battu pour que mes disques soient en vente dans les Carrefours au Maroc. Pour moi, être dans un rayon entre du savon et des conserves, ça n’a rien de dégradant, bien au contraire. Je voulais être là où les gens sont », confesse-t-il. Il obtient également un partenariat avec Bic au Maroc, accompagnant la sortie de cet album.
Avec ce troisième opus, et ses nombreuses collaborations, de nouvelles portes s’ouvrent à lui en Europe et aux États-Unis. Ayant obtenu la validation des Américains et des Anglais, son travail est enfin reconnu en France. Pour Ahmed Soultan, cela ne change rien. « Mes collaborations passées sont ma carte de visite. Mon CV, c’est tout le travail que j’ai fait sur le marché marocain et africain. Aujourd’hui, quand je viens faire une tournée en France ou sortir une nouvelle édition de mon album, je n’ai plus rien à prouver. Les retombées médiatiques que j’ai eu jusqu’à présent n’ont été que positives. C’est juste une nouvelle étape dans mon travail », explique-t-il. Il choisit donc de sortir une nouvelle édition de MHNB en Europe, agrémentée de 7 nouveaux titres, plutôt qu’un nouvel album : « Écrire, composer et enregistrer un nouvel album représente beaucoup d’investissement en temps et en argent. Je n’étais pas prêt pour repartir sur une toute nouvelle création, qui nécessiterait toute une logistique matérielle et artistique. J’avais encore des choses à dire et à vivre avec Music Has No Boundaries, alors j’ai décidé de l’enrichir avec de nouveaux titres, et de nouvelles collaborations », admet-il.
« Je ne veux pas que le Maroc devienne la banlieue de la France, d’un point de vue artistique. »
Ahmed Soultan
Même s’il lui tenait à coeur de proposer cet album à son public français, il a tenu à prendre son temps pour le sortir dans l’hexagone. Construire son identité chez lui, à sa manière était primordial. « Je ne veux pas que le Maroc devienne la banlieue de la France, d’un point de vue artistique. C’est important pour moi de ne pas créer juste pour plaire à la banlieue française. Je préfère encore essayer de creuser un marché comme celui de l’Italie. Parce que la diaspora y est plus récente. Je veux pouvoir explorer un territoire où aucun modèle n’est encore établi, où il n’y a pas de passé musical connu », détaille-t-il.
Dans la foulée de la sortie de l’album en 2018, Ahmed Soultan se prépare à donner ses premiers concerts en France, une nouvelle qu’attendait son public français depuis de nombreuses années. «Je me suis rendu compte que ce public, que je ne suis jamais venu voir pour un concert, était encore là. Certains avaient 13/14 ans à l’époque de mes débuts, et ont grandi avec mes chansons, sont parfois même parents aujourd’hui. Et ils sont venus me voir en Novembre 2018, ainsi qu’en septembre dernier. C’était un pari fou, mais c’était génial de jouer à Paris », admet-il.
Pour autant, il n’était pas sûr de remplir la salle. Il s’attend toujours à tout, même au pire : «Même s’il n’y a que deux personnes, ce n’est pas grave. Je me prépare aussi à cette éventualité. Je n’ai pas de problème d’égo. Tu peux ne pas aimer ce que je fais, mais moi, je connais la valeur de mon travail. C’est l’essentiel !». Cette première scène s’est certainement bien passée puisqu’en septembre dernier, il revenait à Paris, avant d’entamer une tournée européenne.