Comment les femmes ont vécu la colonisation et les guerres décoloniales dans nos pays d’origine ? Vous vous êtes déjà posé la question ? Connaissez vous même les noms de combattantes célèbres ?
Nassima Guessoum a voulu rendre hommage à ces femmes ayant combattu pour la liberté de son pays d’origine, l’Algérie. 10949 femmes, c’est le nombre de femmes anciennes combattantes en Algérie pendant la guerre d’indépendance. La réalisatrice a choisi de s’intéresser à l’une d’entre elle, Nassima Hablal, membre du FLN, combattante, moujahidate, et surtout héroïne nationale oubliée de tous, portant le même prénom qu’elle. La transmission de l’Histoire ne pouvait pas mieux commencer entre ces deux femmes…
Pendant quatre ans, l’ancienne combattante se livre à la réalisatrice sur sa vie passée, son combat, ses souffrances, à la manière d’une grand mère racontant sa vie à sa petite fille. Ce genre de femmes sont les vraies mères du pays, elles se sont sacrifiées pour sa libération. On découvre ce personnage, touchant, drôle, aimant chanter, mais cette insouciance n’est qu’apparente. Elle cache d’immenses souffrances dûes essentiellement aux sévices et tortures de l’armée française. On découvre également les déceptions quant aux décisions politiques au moment de la libération, aux pertes d’êtres chers. La réalisatrice la retrouve régulièrement jusqu’à son décès, pour recueillir son témoignage qui se transforme petit à petit en fatigue de vivre ..
Nassima Hablal y raconte sa jeunesse, où elle est une des rares “indigènes” à travailler pour le gouverneur français, le regard des colons sur elle et les siens. Et puis son engagement est venu très tôt, ainsi que sa volonté de combattre l’oppression coûte que coûte. Les arrestations, surveillances, désaccords entre militants se succèdent. Au fil des années, Nassima s’ouvre de plus en plus à la réalisatrice, qui va aussi à la rencontre d’autres femmes ayant combattu ou ayant été emprisonnées avec Nassima. Lors du récit des sévices et des horreurs subies par ces femmes, il est impossible de retenir ses larmes, je vous préviens. Un raz de marée vous submerge.
A la libération, à part une médaille et une maigre pension, rien n’a été fait pour célébrer ces femmes, bien au contraire, tout le monde les a oubliées. Et le sort des femmes en général a fait un bond en arrière. En oubliant ces héroïnes, on peut à nouveau prétendre que les femmes ne sont bonnes qu’à rester en cuisine. Très peu de rues portent le nom des résistantes par exemple, les monuments aux morts de la guerre d’indépendance ne parlent que des combattants … Elles avaient un rôle à jouer dans l’avenir politique en Algérie, et une volonté de le faire. Le discours de Nassima Hablal sur le jour de la libération du pays est assez parlant sur ce qu’est devenue la vie politique Algérienne, et elle est assez critique envers les différents présidents …
Au delà de la pudeur de ces femmes, il y a aussi de beaux moments de joie, de partage entre elles, ou avec la réalisatrice. Entre mélancolie et humour, Nassima Guessoum livre un superbe hommage à cette grande dame.
Le partiarcat a peut-être tout fait pour effacer les noms de ces femmes de l’Histoire nationale, mais les femmes de notre génération vont tout faire pour remettre en lumière le parcours de ces héroïnes, avec ce genre de films, d’articles, de livres, et j’en passe. Vous vous souviendrez d’elles.
Ce magnifique documentaire sera projeté en mars dans quelques salles en banlieue parisienne. ALLEZ-Y !
7 mars : Saint Ouen L’Aumône au cinéma Utopia, à 20h30
10 mars : Paris, cinéma du Panthéon, à 10h30 et Aubervilliers, cinéma le Studio à 19h30, en présence de la réalisatrice.
[…] à la publication de notre article sur le documentaire « 10949 femmes« , la semaine dernière, nous vous proposons aujourd’hui l’interview de sa […]
[…] Avec plus de la moitié des films proposés dans la sélection, réalisés par des femmes, la femme arabe est à l’honneur cette année. La marraine de cette douxième édition n’est autre que la formidable Hiam Abbass, grande actrice et réalisatrice palestinienne. Elle présentera d’ailleurs deux longs métrages, en avant-première : « A mon âge, je me cache encore pour fumer » de Rayhana, lors de la soirée d’ouverture le 25 avril, et « Corps étranger » de Raja Amari, le 29 avril à St Denis. Est également prévue une projection de son film de 2011, « Héritage », suivi d’une discussion/rencontre en sa présence. La marraine du prix des lycéens est une réalisatrice Dionysienne, dont nous avons déjà parlé chez Dialna, puisqu’il s’agit de Nassima Guessoum, réalisatrice du documentaire « 10949 femmes« . […]
[…] avons donc organisé la projection du film 10949 femmes, de Nassima Guessoum, dont nous vous avions déjà parlé sur […]