Le son du lundi de cette semaine a un goût de nostalgie et de mélancolie. De celles qui nous font du bien, malgré tout. Roads, le titre du groupe originaire de Bristol, Portishead, est issu de leur magnifique premier album, Dummy, sorti en 1994.
Portishead a été le groupe phare du style trip hop dans les années 90, en Angleterre. Il se forme en 1991. Portishead, c’est surtout le résultat de la rencontre fabuleuse entre deux artistes incroyables, écorchés vifs, Geoff Barrow (Claviers, samples, batterie, guitare) et Beth Gibbons (chant et guitare). Adrian Utley, Clive Deamer et Dave McDonald complètent également le groupe. Le groupe porte le nom de la ville portuaire dont est originaire Geoff Barrow.
Barrow est un musicien qui a déjà travaillé avec d’autres artistes trip-hop de Bristol, comme les très connus Massive Attack. Ce style l’influence beaucoup dans ses compositions et expérimentations musicales. Le groupe signe rapidement un contrat en maison de disque, et leur premier album, Dummy voit donc le jour en 1994, avec pour premier single l’hypnotique Glory box.
Le groupe est assez discret dans la presse, mais cela n’empêche pas l’album de cartonner en Europe, mais aussi aux États-Unis. La presse britannique élit Dummy comme album de l’année. groupe reçoit le très convoité Mercury Prize, en 1995, devançant Oasis, Blur ou encore PJ Harvey.
En 1997, ils sortent un deuxième album, appelé tout simplement Portishead. L’album fonctionne bien mais moins que le premier. La reconnaissance mondiale viendra avec le sublime album live Roseland NYC Live, principalement enregistré au Ballroom Roseland de New York avec un orchestre de 35 musiciens, sorti en 1998, qui permet de réaliser la dimension scénique indéniable de leurs compositions. Ce n’est que 10 ans plus tard, en 2008, que Portishead sort son troisième album, Third.
Mais revenons à Roads. Comme toute l’oeuvre du groupe, elle est teinté d’une mélancolie tenace, prenante, dévorante. Ici, la chanson parle d’une solitude liée à cette tristesse, quasi dépressive. Beth Gibbons a l’impression de ne pas pouvoir retrouver la voie du bonheur, de l’apaisement, malgré les mots d’encouragement qu’on peut lui dire. Roads, c’est l’impuissance du désespoir, la longue route de la solitude, face aux opportunités ratées. Mais c’est aussi, paradoxalement, une véritable prise de pouvoir sur son mental. Par cette chanson, elle décide de sa propre route pour se relever.
La voix particulière de Beth Gibbons, associée aux distorsions créés par Geoff Barrow, c’était l’arme ultime de Portishead. Personne n’a chanté ces états d’âme comme Beth Gibbons, l’impression que personne ne comprendra cette situation, que l’on est noyé par ses propres émotions. On ne se lasse jamais de ce titre entêtant. Près de 30 ans plus tard, il transforme toujours les moments de doutes, en bataille vers la lumière. Et ça fait du bien.