On retourne au Maroc cette semaine pour un nouveau son du lundi. Mais pas de musique traditionnelle, cette semaine, on va écouter du rock avec le groupe Golden Hands, le groupe mythique casablancais des années 70, et leur titre Nakar Lkhir.
Ces mains en or, ce sont celles de Aziz (de son vrai nom Thami Daou El Makane), fondateur du groupe, qui réside aujourd’hui à Berlin.
Enfant, Aziz est déjà passionné de musique mais sa famille n’a pas les moyens de lui acheter une guitare. Alors à 10 à peine, il se confectionne un instrument de fortune avec un vieux bidon en métal de Flytox (insecticide) et des cordes récupérées sur un vieux vélo. Son oncle Abdelkader voit alors en son neveu un petit génie de la musique et l’inscrit au conservatoire, lui permettant d’apprendre la musique et de jouer sur un vrai instrument. La passion de Aziz pour le rock prend alors le dessus et l’adolescent découvre Elvis Presley, Little Richard et tant d’autres. Il continue sa formation et pense à former un groupe de rock. Le groupe « L’ange et ses vampires » commence alors sa carrière, avec Aziz, encore enfant, à sa tête. Le royaume n’est alors pas habitué à un groupe local qui joue ce genre de musique moderne, qui vient, le plus souvent, de l’étranger.
Mais le groupe connait rapidement une certaine renommée dans le pays. Ils font des reprises de rock, mais reprennent également des versions instrumentales de classiques de la musique arabe. Un soir, lors d’un de leurs concerts, alors que Aziz a tout juste 13 ans, il joue un solo de guitare sur un de ces classiques. Une spectatrice française s’écrit alors « Ce petit a des mains en or ». Son oncle Abdelkader entend son commentaire et se dit que cela ferait un superbe nom pour le groupe. Exit l’ange et ses vampires, bienvenue à Golden Hands.
Nous sommes au début des années 70, et il est alors évident pour le groupe qu’ils doivent avoir leurs propres compositions pour se construire leur identité et une belle carrière. Aziz écrit alors leur premier titre, What to say, avec Mohamed Milouli. La plupart des titres par.la suite seront d’ailleurs également des collaborations entre les membres du groupe.
Leurs concerts au Maroc sont rapidement complets. Ils plaisent au peuple mais aussi aux intellectuels, voire même à certains membres de la famille royale, comme le Prince Moulay Abdallah.
Habitués à chanter en anglais dans leurs compositions ou en arabe classique dans leurs reprises, les Golden Hands vont alors oser quelque chose de nouveau, chanter du rock en darija, avec notamment une reprise du titre de Nino Ferrer, Mirza. Ils accompagnent ensuite d’autres formations marocaines, comme les frères Megri.
Ils commencent à avoir envie de jeter un oeil sur ce qui se passe en Europe, et en France précisément. Ils se présentent alors au Tremplin du Golf Drouot, à Paris, le temple du rock de l’époque. Johnny Hallyday, Eddie Mitchell ou encore le Marocain Wigon sont déjà passés par là. Mais les Golden Hands n’ont pas pris leurs instruments dans leur voyage. Avec un peu de mépris orientaliste, les organisateurs leurs demandent s’ils jouent de la musique orientale. Aziz et les membres du groupe comprennent que pour qu’ils acceptent de leur prêter des instruments, ils doivent dire oui. Une fois sur scène, bien entendu, ils jouent leur musique rock et cartonnent. Ils gagent le tremplin, le 18 mai 1973, ainsi que l’année suivante ! Ils font ensuite une tournée européenne mais décident de rentrer rapidement au Maroc, au lieu de poursuivre.
Les années 80 ont vu le succès du groupe Golden Hands décliner au Maroc. Moins de concerts, même si le public répond toujours présent À la fin de la décennie, Aziz, le leader part s’installer en Allemagne, mais le groupe est toujours actif.