[Portrait] NKALI Works, le coaching qui redonne le pouvoir aux femmes

Dialna - Nkali

Dialna a toujours eu pour objectif l’empowerment des minorités. Et s’il y a bien un domaine dans lequel il est important de se relever, de prendre du pouvoir, et de s’assumer, c’est dans le monde du travail. Le travail en entreprise est une représentation à l’échelle locale de tous les rapports de force que l’on peut trouver / subir dans notre société.

Être une minorité dans le monde du travail est par conséquent d’autant plus violent à vivre. Les agences de coaching pour être plus performants, respectés, voire craints dans votre entreprise se sont multipliées ces dernières années. Elles vous apprennent toutes à être plus forts dans un statut de dominant. Mais aucune d’entre elles ne s’intéresse à certaines spécificités. NKALI Works se détache des autres. Sa fondatrice, Marie Dasylva, a décidé d’aider des femmes comme elles qui subissent un double système d’oppression, celui du sexisme, lié au racisme. En effet, ses services visent essentiellement les femmes racisées, pour les aider à se remettre debout et à croire en elles.

Avant d’aller plus loin, j’ai conscience que le terme de « racisé » peut surprendre, voire choquer ceux et celles qui ne sont pas habitué.e.s à ce terme, et à un vocabulaire plus militant. Je vous invite à lire cet article du site « Etat d’exception » qui tente d’expliquer les tenants et les aboutissants de l’utilisation de ce terme. C’est ce terme que nous avons décidé d’utiliser dans cet article (et de manière générale), d’une part parce que c’est ce qu’utilise Marie dans son interview, et d’autre part, parce que nous partageons la pertinence de son utilisation.

Nous sommes donc allées à la rencontre de la fondatrice de cette agence de coaching d’un nouveau genre, pour qu’elle nous explique son parcours et les raisons de son engagement.

Dialna - Nkali
Marie Dasylva
© Nora Noor

Dialna : Quel a été ton parcours professionnel avant de créer ton agence ?
Marie Dasylva : Mon parcours a été extrêmement chaotique, jalonné par le racisme et le sexisme. J’ai toujours travaillé dans la vente depuis mes 18 ans, et c’est là que j’y ai fait mes premières armes en terme de management. Le dernier emploi que j’ai occupé, c’était un poste de manager pour une grande marque de luxe qui m’a licenciée. J’ai eu droit à un burn-out, mais j’ai eu de la chance d’avoir un soutien magnifique de la part de ma famille.

J’ai réalisé ensuite que ce licenciement a été un catalyseur. À partir de mon expérience, j’ai commencé à accompagner des femmes qui avaient le même vécu, qui me ressemblaient, c’est à dire des femmes non blanches, des femmes racisées. J’ai été le chercheur et mon propre cobaye.

J’ai d’abord documenté toute mon expérience professionnelle, et j’ai cherché ce que j’appelle “des fins alternatives”. Tout ce qui m’est arrivé au boulot, je le couchais sur une feuille, et sur la feuille d’à côté, je couchais une stratégie qui aurait permis d’éviter cela. J’ai pu analyser mon environnement, les différents acteurs, et mettre en place des stratégies. J’ai commencé comme ça, pour proposer ces stratégies aux personnes qui rencontraient les mêmes problématiques que moi.

D : Combien de temps s’est passé entre ton licenciement et le début de ta réflexion sur le sujet ?
M.D. : Il m’a fallu au moins deux ans. J’ai eu la chance de faire beaucoup de rencontres qui m’ont aidée à façonner mon envie et mes idées. Twitter a été un vrai catalyseur, parce que je n’étais plus seule. C’était aussi très valorisant pour moi d’avoir des personnes qui écoutaient ma voix et qui lui donnait de l’importance. J’ai fais notamment une très belle rencontre en la personne de la blogueuse Mrs Roots (qui nous parlait de ses lectures et de son livre ici), qui avait des expériences similaires. On a eu l’idée d’une journée de réflexion qui s’appelait “Femmes noires et travail”. A l’issue de cette journée, on a réalisé que, quand on subit le racisme et le sexisme, les problématiques liées au travail étaient extrêmement importantes. Cela a nourri ma réflexion et c’est ainsi que NKALI est née.

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D : D’où vient le nom NKALI ?
M.D.
: C’est un ami linguiste qui m’a trouvé le nom. Ça veut dire “pouvoir” en Igbo, langue Nigériane. C’est Chimamanda Adichie qui utilise ce mot. NKALI, c’est le pouvoir de se réapproprier par la narration. Je trouvais que cette notion était puissante et importante. On vit constamment sous un regard suprématiste blanc, et il est important de se réapproprier sa narration, il est important de se réaffirmer dans ce monde qui ne veut pas qu’on s’affirme. Je trouvais que ça résumait assez bien toutes les problématiques que je traite.

On se rend compte qu’on est tout le temps dans l’altérité, et que la perception de cette altérité crée de vrais dommages.

D : Peux-tu nous expliquer les oppressions que subissent les femmes racisées dans le monde du travail ? En quoi seraient-elles différentes de celles vécues par d’autres femmes ?
M.D. : Le patriarcat a une incidence sur toutes les femmes, c’est vrai. Mais conjugué au racisme, c’est un cocktail explosif. J’ai un regard forcément anti-raciste et décolonial sur la situation. Imaginez-vous être une femme racisée, arriver au travail, et ne pas être considérée comme neutre. On réalise qu’on est tout le temps dans l’altérité. Parce qu’on est l’autre, on a l’impression de ne jamais être à sa place. Et ça crée de vrais problèmes en termes de confiance en soi.

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Marie Dasylva
© Nora Noor

J’appelle mes clientes, des « pépites ». Parmi elles, il y a la récurrence du syndrome de l’imposteur, c’est à dire de ne pas se sentir à sa place, ne pas être légitime, alors qu’elles ont d’énormes capacités, et beaucoup de talent. J’en suis admirative. Il y a une vraie disproportion entre ce qu’elles sont capables d’offrir et ce qu’on leur offre, entre la manière dont je les voie et la manière dont elles se voient, elles, et enfin, entre le travail qu’elles fournissent et la valorisation et la rémunération de ce travail.

Mon but en tant que femme noire, c’est d’aider d’autres femmes racisées, pas que noires, à prendre le pouvoir, par le biais de la stratégie. Le coaching que je mets en place est extrêmement pragmatique, avec des dates clés, avec des actions à mener à des moments précis. Je les aide à comprendre leur environnement afin qu’elles le maîtrisent.  C’est ça, mon coeur de métier.

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D : Tu mets en place un planning des actions à mener, décisions à prendre ?
M.D. : Certaines femmes, en venant me voir, étaient dans des situations très compliquées. Après un rendez-vous, elles me disent parfois “Marie, le problème ne sera peut-être pas réglé, mais au moins j’aurais essayé”. C’est là où le changement se fait. Elles ne sont plus des victimes, elles prennent le contrôle. Toute ma logique se situe autour de la thématique du pouvoir.

Pourquoi on perd du pouvoir dans certains espaces ? Qui nous l’a fait perdre ? Comment le reprendre ? Quelles sont les personnes qui vont nous aider à le reprendre ? Et quels sont nos moyens d’actions pour cela ? Mes stratégies tournent autour de ça. Quand on entre dans ces stratégies, c’est comme si on était en guerre. Donc, oui je leur prépare un livret d’accompagnement, avec les dates clés de notre stratégie. Mon travail sera de la préparer à ces échéances là.

 Marie évoque pour le cas d’une de ses pépites, la stratégie mise en place pour l’aider

Vous pouvez lire toutes ses stratégies tous les jeudis, en suivant le hashtag #JeudiSurvieAuTaf via son compte twitter personnel

D : Quelle est ta réaction quand tu vois les résultats concrets ?
M.D. : J’adore ! C’est pour ça que j’ai choisi de faire ce métier ! Vu les traumatismes que j’ai eu au travail, moi-même, je reprends du pouvoir aussi à chaque fois qu’une pépite m’appelle pour me dire qu’elle a réussi ! J’en pleure dans le métro parfois ! Depuis que je fais ce métier, je passe ma vie à pleurer !

Je les vois reprendre confiance, reprendre le pouvoir, et surtout réaliser que c’est possible. A travers les sessions de formation NKALI, ce que j’entrevois c’est surtout l’espoir. Je crois au fait qu’on puisse reprendre le pouvoir, et je pense que l’espoir qu’on entretient est extrêmement sportif, dans la mesure où tout nous pousse à désespérer : l’islamophobie, le racisme, le sexisme. On se rend compte qu’il y a une réalité alternative qu’on peut, avec un maximum de stratégie, essayer d’influencer. 

Dialna - Nkali
Marie Dasylva
© Nora Noor

D : Quelles sont les failles en face ? 
M.D. : Il ne faut pas oublier que la force qu’on a, c’est qu’on se bat contre un ennemi, la suprématie blanche, qui nous sous-estime. C’est la faille dans laquelle je m’engouffre, et nous derrière, on a les moyens de réagir. J’utilise la métaphore de l’opéra pour l’expliquer. L’opéra c’est aussi un lieu de théâtre social, comme le travail. Dans les premiers rangs, il y a ceux qui peuvent y être grâce à leurs origines sociales, à leur argent. Mais il y a aussi des places avec zéro visibilité, les moins chères. La personne qui aura cette place aura entendu quelque chose de différent, tandis que la personne qui aura eu une bonne place aura été influencée par ce qui se passait dans la salle, par les costumes, le jeu de scène, etc. Mais moi derrière qui ne voyait pas grand chose, je vais entendre chaque modulation de la voix des chanteurs, chaque émotion. La personne qui aura ressentie le plus de choses pendant cet opéra, qui l’aura mieux compris, c’est celle qui avait le moins de visibilité de la scène.

Cela me sert à expliquer qu’en tant que femme et qu’en tant que racisée, notre place, c’est celle du fond. Mais il ne faut pas oublier que du fond, on voit tout ! Une fois qu’on a embrassé cette douloureuse réalité, on réalise alors que rien n’égalera cette acuité qu’on aura sur la condition humaine.

Jean-Jacques, il peut faire 15 ans à Harvard, il ne comprendra jamais notre vision. Je me sers de ce que les oppressions m’ont appris pour élaborer mes stratégies. Ce qu’elles me disent toutes c’est « Marie, ce que tu me dis là, une femme blanche ne me l’aurait jamais dit. » Il ne faut pas oublier que même si nous sommes toutes soumises au patriarcat, la race crée un rapport de subordination. Les femmes racisées qui viennent me voir ne sont pas oppressées que par Jean-Mi, Pimprenelle aussi est dans l’histoire. On ne pourra pas me faire le coup de la sororité entre toutes les femmes, elle n’existe pas quand nous en avons besoin. Je me rends compte que la classe n’efface pas la race. Je trouve en plus que c’est complètement dépolitisant. Une femme blanche n’oubliera jamais qu’elle est blanche, face à une femme racisée. La hiérarchie raciale ne disparaît pas subitement parce que nous sommes entre femmes. Pour l’instant, les femmes que je coache sont souvent des CSP+, et j’aimerais pouvoir démocratiser mon action.
Je m’en réfère aussi à Carmen Diop qui l’a dit aussi avec des mots extrêmement clairs. Quand tu es une femme racisée qui arrive dans un environnement où tu n’est pas censée être, tu transgresses une hiérarchie raciale. Tu es dans cette transgression quand, en tant que femme noire ou arabe, tu es manager, par exemple. Tu n’es pas là où tu devrais naturellement être. Il va alors se passer quelque chose d’extraordinaire. Les acteurs de son environnement vont consciemment ou pas, s’organiser de manière à lui faire reprendre sa place. Et c’est là que le conflit arrive.

Ne pas mettre des mots sur un vécu, c’est retarder la prise de conscience. Je vis quelque chose et je n’ai pas les mots pour le qualifier. Comment faire pour me battre ?

D : Tu as pris conscience de ces rapports de force constants, au moment de ton licenciement ou bien après ?
M.D. : Il y a toujours “le jour où”. J’avais conscience de quelque chose, mais sans réellement réaliser. Cette prise de conscience est aussi retardée par l’extraordinaire contexte français. Il efface le mot “race” de la Constitution et déclare qu’il n’y a donc pas de racisme, ni de discrimination raciale. C’est là que la stratégie d’oppression fonctionne comme un rouleau compresseur. On a réussi à effacer la maladie, en laissant les symptômes. Mais, lexicalement, ce que je vis en tant que femme noire, ou racisée n’existe pas.

A partir du moment où vous n’avez pas le champs lexical pour exprimer, décrire ce que vous vivez, c’est une arme en moins pour comprendre et lutter. Clairement, le fait qu’on nous enlève les armes de la compréhension de nos oppressions, c’est quelque chose d’organisé. Enlever le mot “race” de la Constitution, cela veut dire que dans notre pays, il n’y a pas de discrimination raciale, mais quand on se penche sur les chiffres (dernier rapport de France Stratégie sur l’emploi), on se rend compte que les hommes ayant un nom à consonance arabe auraient moins de chances d’obtenir un emploi, voire même un entretien. Les chiffres sont là, et c’est une réalité. Ce qui n’est pas dit existe tout de même.

Au delà du fait d’enlever le champs lexical de l’oppression, que nous avons recréé, il y a tout un discours autour de la méritocratie. « Si tu veux, tu peux« . Ça veut dire que les hommes, femmes arabes, noires qui sont au chômage l’ont voulu ? Ça veut dire qu’on aurait quelque chose dans notre mélanine qui nous empêche d’ambitionner, d’étudier ? On ne veut pas travailler donc. Les chiffres avancés par France Stratégie seraient dus à un aspect culturel, alors que c’est organisé depuis la maternelle. Si je n’étais pas tombée sur des écrits d’afroféministes, je n’aurais pas eu les armes pour appréhender ma réalité de femme noire, et que je n’étais pas un cas à part, mais bien une conséquence d’un système.

D : Tu as eu des cas de discrimination liées au voile ?
M.D. : Oui, malheureusement. Quand une femme voilée me dit qu’elle parle trois langues, qu’elle est thésarde, doctorante et qu’elle me dit: « Marie, je l’enlève mon voile ou pas ? », j’ai le cœur déchiré. Cette personne a fait 10 ans d’études, elle va être bien plus compétente que d’autres, mais on ne va pas lui donner sa chance. Mais je fais aussi avec le souhait de mes clientes. J’élabore aussi des stratégies avec des femmes qui veulent porter le voile lors de l’entretien. On a établit qu’il fallait parler de l’éléphant dans la pièce. Une fois qu’on a terminé l’entretien, qu’on s’est bien vendue, qu’on a sorti tous les arguments de flamboyance possibles et imaginables, je pense qu’il faut demander au recruteur : « Avez-vous des femmes voilées dans votre entreprise ? », « Que vous inspire mon voile ? » Il faut prendre les devants et provoquer la discussion. On attend souvent en se disant s’ils n’en ont pas parlé, c’est que ça ne pose pas problème alors qu’ils n’ont vu que ça ! Prendre les devants, c’est aussi forcer l’autre à reconnaître qu’il a un biais, forcer l’autre à dire qu’il a un préjugé. Mais c’est aussi pour se préserver soi. J’espère que de plus en plus de femmes voilées viendront me voir pour mettre en place ce genre de stratégies. C’est une situation qui me dépasse. On sous-estime le drame psychologique que représente le fait de le retirer pour travailler. « Je l’enlève devant la boite, mais Jean-Mi peut me voir, donc tout le monde saura que je suis voilée. Je l’enlève à la gare, mais les collègues prennent le train aussi. Dans le parking ? Comment faire ? »  Bref, c’est hyper compliqué. La discrimination fait clairement perdre de l’argent à notre société. 

D : En plus des coachings personnels, tu organises également des journées entières de formation collectives. Raconte nous comment se passent ces journées ?
M.D. : Il y a une super énergie, une émulation. Ce que retiennent les participantes avant tout, c’est qu’elles ne sont pas seules. Ces formations ont au moins ce mérite là. Éveiller les consciences bien sûr, mais aussi réaliser qu’on n’est pas seules. Le problème ne vient pas de ces femmes.

Je construis mes formations comme des stratégies de combat. Par exemple, j’avais organisé une journée sur le thème des micro agressions. Le but était de se raconter. « Que se passe-t-il au travail ? Qui m’agresse ? Qui m’empêche d’avancer ? » Ensuite, j’aime bien revenir sur des outils théoriques. Il y a des chercheuses comme Carmen Diop qui ont déjà étudié le sujet. Sa thèse sur les femmes noires diplômées au travail, s’applique bien évidemment à toutes les femmes racisées. J’aime bien contextualiser de cette manière là, car cela permet de dire que notre vécu est provoqué. Cette agression, cette altérité, c’est quelque chose d’organisé. Cela permet aux participantes de réaliser à quel point c’est sérieux. Je n’apprends pas aux gens à devenir meilleurs pour ne pas être oppressés. Je veux leur faire comprendre qu’elles ne sont pas responsables de leur oppression. Je leur donne les armes pour se battre contre cela.

La micro agression, c’est un exemple assez flagrant du rouleau compresseur qu’est cette oppression. Je vais être dans une pièce, Jean-Mi va me micro agresser, et je vais être la seule à percevoir la charge raciste ou sexiste de cette micro agression, et je ne peux rien prouver. Du coup je vais commencer à douter de mes perceptions. « A-t-il vraiment dit ça ? Son intention n’était-elle pas différente? » Le drame de l’oppression, c’est qu’on a été conditionné.e.s nous-mêmes à prendre soin de la sensibilité du dominant. On ne veut pas les froisser en les mettant devant le fait accompli. On ne veut pas créer de problèmes au dominant. Psychologiquement, au delà des implications socio-économiques, le racisme systémique crée des ravages. Je n’hésite pas à conjuguer mes interventions avec celles d’une psychologue, parce qu’il y a des choses pour lesquelles je m’estime hors sujet. C’est bien de le dire aussi.
Ensuite, je mets des jeux de rôles pour permettre aux femmes de voir leur situation avec du recul. Mon but c’est que la personne puisse se dire « Je suis en capacité de répondre », puisqu’on a préparé, on a expliqué, on a contextualisé. Elle n’est plus démunie face à ce phénomène. 

D : Quels sont les thèmes et besoins qui reviennent le plus souvent de la part de tes clientes ?
M.D. : Je ne suis ni une fée, ni une magicienne. Je me définirais plutôt comme une sorcière ! (rires) J’ai l’avantage d’avoir du recul, je n’ai pas l’impact émotionnel qui bloque l’analyse de la situation. Ce qui revient le plus souvent, c’est l’injustice du travail fourni, et la non valorisation. On tourne souvent autour de ces thématiques là. « J’ai bossé sur un projet pendant trois ans, j’aurais du avoir cette promotion et je ne l’ai pas eue », « Je forme un collègue qui gagne plus que moi », « Je fais le travail de ma boss, mais ce n’est pas moi la boss ». On établit des stratégies de reprise pour toutes ces situations.

D : Tu dois recevoir des questions de femmes blanches qui ne comprennent peut-être pas pourquoi tu ne t’adresses qu’aux autres femmes et pas à elles ?
M.D. : Pourquoi un chirurgien du pied ne s’intéresse pas au coude ? Ce que je fais a une résonance éminemment politique, et je pense qu’il y a assez de professionnels sur le marché qui peuvent convenir à des femmes blanches. Ma spécificité, c’est que j’aborde le racisme et le sexisme dans les environnements professionnels. Par définition, elles ne sont pas concernées. J’ai des clientes qui ont déjà fait la démarche de contacter d’autres coaches avant moi, non racisées. La lacune, c’est qu’elles n’abordaient pas l’essentiel, à savoir le racisme. Je me sers de ce que j’ai, et je pense que Pimprenelle a le choix des professionnels qui pourraient l’aider, elle.

D : A long terme, quels sont tes projets pour cette activité ?
M.D. : D’en vivre ! En fait, je tiens à ne pas précariser les personnes que je coache, donc les tarifs que je propose sont bien évidemment en dessous des prix du marché. J’espère pouvoir former les entreprises, via une autre entité. J’aimerais leur fournir des outils pédagogiques pour prévenir les comportements problématiques. L’un des buts serait de faire des trainings sur les micro agressions dans l’entreprise, faire réfléchir ces entreprises à plus de diversité. Pas celle où on recrute un racisé pour les photos. Mais plutôt réfléchir à comment dès le recrutement, faire taire ces préjugés et se concentrer uniquement sur la capacité des individus, et faire comprendre via ces trainings que la discrimination leur fait perdre de l’argent. Le préjugé racial fait perdre de l’argent. Le but c’est d’être contactée par les entreprises pour que les formations NKALI aux particuliers soient gratuites. Démocratiser NKALI au maximum via mon autre entité, moins militante.

D : Pour finir, quels sont tes coups de coeur ?
M.D. : Forcément, j’ai adoré “Ouvrir la voix” d’Amandine Gay, qui est sorti en 2017. C’est un exemple de persévérance absolue. Une femme noire qui réalise un film avec des femmes noires, évidemment, c’est important. Mon autre coup de cœur, c’est Tahani Amer, cette ingénieure américaine, d’origine Égyptienne, musulmane et portant le voile qui travaille à la NASA. A chaque fois que je la vois, je me dis, voilà il y a une ingénieur, doctorante, racisée, voilée à la NASA, et ça, ça me met en joie ! Mon coup de coeur perpétuel, c’est mon fils Baba, ce petit insolent !
Et mon dernier coup de cœur, bien sûr, qui me permet d’avancer et d’avoir foi tous les jours, ce sont toutes mes clientes, mes pépites. J’ai vraiment envie de les remercier, parce que c’est grâce à elles aussi, que je reprends du pouvoir, moi-même. Cette activité, est extrêmement cathartique pour moi. Ça me fait grandir, c’est un cercle vertueux !

Vous pouvez retrouver Marie et son activité sur la page Facebook NKALI Works, ainsi que sur le compte Twitter NKALI. Vous y trouverez les dates et formulaires d’inscriptions à ses prochaines journées de formation, ainsi que des conseils au quotidien.

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1 commentaire

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