Après plus d’un an de représentations, notamment au célèbre festival d’Avignon, la pièce F(l)ammes continue sa tournée. La troupe d’Ahmed Madani vient de finir une dizaine de représentations à la Maison des Métallos, toutes complètes, avant de se préparer à occuper pendant un mois le théâtre de la Tempête (du 16 novembre au 17 décembre), à Paris.
En cette période de libération de la parole des femmes sur leurs vécus, la pièce F(l)ammes prend tout son sens.
Après son premier projet Illuminations qui mettait en lumières de jeunes hommes du quartier du Val Fourré, le metteur en scène a lancé le projet F(l)ammes. Avant même d’écrire une ligne du texte, il a voulu rencontré des jeunes femmes un peu partout en France. Les critères étaient simples : ne pas être comédienne professionnelle, avoir entre 18 et 28 ans, “avoir des parents qui ont vécu l’exil, et vivre dans un quartier péri-urbain”. L’immigration comme héritage familial et la vie en quartier populaire comme bagage, voilà le point de départ de ce projet. Après avoir sélectionné 10 femmes d’origines et d’âges différents, Ahmed Madani les a laissées se raconter, parler d’elles pendant plusieurs mois, avant de concocter le texte le plus juste possible pour chacune des apprenties comédiennes. Sans pour autant être autobiographique, la pièce est une oeuvre d’art pleine de poésie, où le JE prend toute l’ampleur qui lui fait défaut au quotidien. La poésie prend le dessus sur l’aspect documentaire ou social de ces scènes.
“Ce qui se passe à l’intérieur d’un être humain, ce qu’il ne dévoile pas le relie aux autres être humains” affirmait Ahmed Madani lors d’une rencontre organisée à la Maison des Métallos (Entendre les voix de France).
C’est en cela que la pièce F(l)ammes est percutante. Elle crée une empathie, qu’on soit aussi une femme issue de quartiers populaires comme les comédiennes, ou pas. Elle appelle au vrai universel en chacun de nous. La réflexion sur ce qu’est la France d’aujourd’hui à travers une partie de sa population, celle qu’on entend le moins, fait l’effet d’un véritable coup de poing. Ces femmes ne sont pas là par hasard. Comme le dit Kery James, “toute arrivée a son départ”. Les quartiers populaires, leurs habitants ne sont pas là uniquement pour évoquer des émeutes ou des dérives religieuses. Il y a des vies, des parcours, des désirs, des espoirs et des peurs. Il y a surtout des humains conditionnés par l’histoire de ce pays et de ses anciennes colonies, pour l’histoire de leurs familles. Le problème de la construction de soi est primordial dans chacune des scénettes.
Pas de décor, un micro, dix chaises, et des vidéos artistiques projetées. Tout y est minimaliste pour faire briller les étoiles sur scène. Anissa, Haby, Ludivine, Yasmina, Maurine et les autres ont su créé cette sensation de familiarité avec leur public. Le partage de leurs histoires nous donnent l’impression de les connaître depuis toujours. “J’ai juste besoin d’égalité” nous dit l’une des protagonistes dans un des monologues. Point de misérabilisme ici, mais une rage de vivre, de se raconter et d’exister. Cette égalité passe aussi par la volonté de s’affirmer et de faire entendre sa voix. A chacun d’entre nous d’écouter ces voix et continuer à transmettre ce message pour construire la France de demain.
La tournée continue un peu partout, vous n’avez aucune excuse pour ne pas y aller… On vous a déjà mal conseillé ? 😉
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