Jeunes gens, voici le portrait de la plus belle, grande, talentueuse des photographes de tout les temps, ma chouchoute over the chouchoute ! TINA MODOTTI…
Un jour mon pote O m’a comparé à elle : « Nora, je trouve que tu ressembles à Tina Modotti ! » j’ai failli lui rouler une pelle pour ce compliment démesuré !!! Restons lucide, il n’y a qu’une seule Tina Modotti, par son talent, sa beauté et son histoire, c’est bien plus qu’un simple parcours d’artiste, c’est un destin que je vais vous raconter maintenant….
La botte Italienne et la misère.
Cette lionne, née en Italie en le 17 aout 1896, a vécu les premières années de sa vie dans une extrême pauvreté. Cette misère sociale va être la ligne conductrice dans son travail photographique. Même quand elle fréquentera les hautes sphères de la société, elle n’oubliera jamais la pauvreté. Fille de prolo italien, son père était mécanicien, qui émigrera aux USA pour assurer une vie meilleure à sa famille, Tina travaille à l’usine à 14 ans pour subvenir aux besoins de sa famille (une mère, 4 frères et sœurs).
La côte Est des USA.
1913 : l’année qui voit le plus d’Italiens quitter le pays pour les USA. A à peine 17 ans Tina Modotti fait partie du groupe de migrants, elle voyagera seule en direction d’Ellis Island. Elle trouvera un job de couturière dans un magasin de mode et elle se fera remarquer par sa superbe beauté auprès des dirigeants du magasin. Les portes du mannequinat vont lui être grande ouvertes, et lui permettre de fréquenter un autre cercle social, comme le peintre et poète Roubaix de l’Abrie Richey dit « Robo », qui deviendra son mari. Avec lui, elle va assister à des vernissages, des expositions internationales, des dîners mondains et découvrir les photos d’Edward Weston. Souvenez vous de ce nom Il y aura un avant et un après Weston.
Côte Ouest, le long du grand Pacifique.
Nous sommes en 1921, le père de Tina Modotti gagne très bien sa vie en inventant une machine à faire des raviolis, et il fait venir toute sa famille d’Italie sur la côte ouest. Pendant ce temps, Tina va tenter à Los Angeles une carrière d’actrice. Là bas, elle va fréquenter des cercles d’artistes de tout bords, anarchistes et intellectuels, tous fascinés par l’art, le mysticisme oriental, l’amour libre et surtout la révolution mexicaine. C’est lors de ces dîners mondains qu’elle rencontre celui qui va changer sa vie, Edward Weston alors qu’elle était encore mariée à « Robo ». Ils tombent amoureux l’un de l’autre, elle devient sa muse photographique, elle pose pour lui, le suit dans ces sorties et l’observe…
L’intelligence féroce de cette femme, ce n’est pas juste une capacité de survie hors norme.. Non, non Tina c’est bien plus que cela, elle observe et absorbe son environnement, elle a cette intelligence que vous ne trouverez pas dans les milieux académiques, celle de la misère noire, de la débrouillardise, une intelligence animale que seules les guerrières ont ! Elle apprendra le métier de photographe en observant Weston, en restant dans un premier temps un très joli modèle, pour être ensuite son assistante studio et laboratoire.
Le Mexique l’amour, la photo et viva la revolucion !
Son premier Mari « Robo » va mourir de la variole, au Mexique, lors d’une expo sur place. Elle sera sur les lieux deux jours plus tard. Cette perte soudaine va accentuer son amour de la vie et elle décidera de passer en cinquième vitesse et va prendre la décision de ne plus être juste une jolie femme, elle sera photographe ! Et son travail sera engagé auprès de ceux qui n’ont pas de voix. C’est au Mexique, qu’elle fera ses plus belles photos, car la belle est douée dans tout les domaines paysage, portraits, nature morte, abstrait… `
C’est dans sa maison mexicaine, que Diego Rievera et Frida Khalo, vont se rencontrer (rien que ça). Elle organisera des soirées où tout le gratin révolutionnaire mexicain et communiste vont boire et polémiquer. Plus elle va pratiquer la photographie, plus elle va s’éloigner de l’influence de Weston, elle affine son écriture photographique et ses photos sont d’une beauté… Elle fait corps avec le peuple mexicain, elle est connectée à la révolte des paysans, elle s’indigne contre la misère humaine qui lui rappelle ses années noires en Italie.
Elle est indépendante financièrement en photographiant la haute bourgeoisie mexicaine, techniquement elle n’a rien à prouver à ces pairs et bien sûr, Weston s’éloigne d’elle. Il n’est plus le pygmalion de départ, il ne comprend pas l’esprit contestataire de cette bouillonnante brune. Il repart aux USA, elle reste au Mexique et rencontre Julio Antonio Mella, un jeune révolutionnaire cubain.
Tout les deux c’est un rêve de couple, beau, jeune, intelligent, révolutionnaire ! Et le bonheur va s’écrouler d’un coup quand Julio Antonio Mella sera abattu en pleine rue, à ses côtés, par le gouvernement, pour ses idées politiques.
Tina Modotti meurtri, humilieée, persécutée
En plus d’être effondrée par la mort atroce de son amoureux, Tina va devoir faire face à une véritable humiliation publique. Sa maison est perquisitionnée, et une véritable investigation du gouvernement sur sa vie privée commence. On fouillera son laboratoire et ses archives, on trouvera des photos d’elle nue quand elle posait pour Weston. Elles seront utilisées pour l’humilier publiquement, pour la décrédibiliser en la traitant de « Femme Immorale ». Du coup la bourgeoisie mexicaine ne lui commande plus de portrait et la considère comme une « communiste dépravée ».
Et elle se retrouve étranglée financièrement. Mais elle n’arrête pas la photographie, elle immortalise les manifestations, assiste aux violences policières de l’époque et part dans les campagnes mexicaines, pour photographier la vie des femmes sur place.
Au début de 1930, les membres du Parti communiste mexicain sont l’objet d’une répression sévère car on leur attribue la responsabilité d’un attentat contre le président. Tina est arrêtée et expulsée vers l’Espagne, puis elle vivra à Berlin et en Russie, mais n’arrive pas à photographier la rigueur soviétique. Elle repart en Espagne, et arrêtera la photographie, trop dégoûtée par tant de drames, d’humiliations et de tristesse. Elle retourne aux USA avec un certain Vidali et un faux passeport, mais sera refoulée à la frontière, et expulsée vers le Mexique… C’est une vie d’errance qui va s’ouvrir à elle. Sur place des amis la soutiennent, comme Manuel Alvarez Bravo ou Pablo Neruda et puis re-scandale on soupçonne Vidali d’être lié au meurtre de Trotski.
Elle devient complètement parano, ne sort plus de chez elle et quand elle ose prendre l’air, elle meurt d’une crise cardiaque seule dans un taxi…
Ma belle, si les ondes du net pouvaient toucher ton âme, je te dirais ceci….
Pourquoi m’es tu si chère ? Parce qu’on est toutes les deux marquées par nos origines sociales, avant une religion, une ethnie ou un métier, nous sommes des filles de prolo, parce que tu as vécu la vie que tu voulais vivre, malgré les barrières sociales. Parce que ton visage m’obsède et me bouleverse aussi… Si j’avais une machine à remonter le temps, je choisirais les années 20/30 au Mexique, je boirais des verres entre Frida et toi ! Je te regarderais photographier les gens et je te dirais : Tina, je viens du futur et la lutte des classes, nous les pauvres, on l’a perdue ! Mais ton œuvre t’as survécue et tu appartiens au patrimoine de l’Humanité.