Le parcours de la grande chanteuse Amazigh du Maroc, Fatima Tabaamrant force le respect. De la chanson à la politique, Lalla Tabaamrant a toujours défendu la culture Amazigh du Souss marocain. À l’heure où certaines stars américaines découvrent les bijoux berbères et s’en servent pour se déguiser, Dialna a voulu rendre hommage à cette grande dame et à nos racines.
Les femmes Amazigh, les vraies reines Berbères, vous devriez voir à quel point elles sont belles, courageuses, drôles et fortes ! Parmi la reine des reines, je vous présente Fatima bint Muhammad Chahou, alias Lalla Fatima Tabaamrant (du nom de sa tribu, l’une des plus connues du Souss), née le 30 juillet 1962, originaire du sud du Maroc, de la région berbère d’Aït Baamrane, dans le Souss.
De la chanson à la politique, il n’y a qu’un pas, qu’elle a franchi allègrement ! Féministe convaincue, elle encourage les femmes, à travers ses textes, à prendre conscience de leur condition, et à briser la misogynie ambiante au Maroc. Elle devient parlementaire en 2011, et là, coup d’éclat, elle est la première personne à poser une question en Amazigh (tachlehit), et ce, au Ministre de l’Éducation Nationale, au sujet de l’apprentissage de la langue Amazigh ! C’est comme si une basque parlait sa langue régionale au milieu de l’assemblée, vous voyez le topo… Les hommes présents lui ont sommé de s’asseoir et de se taire! Elle ira au bout de son discours.
Elle continue à chanter dans des festivals, célèbre le nouvel an berbère de manière flamboyante, participe à des conversations internationales sur la culture Amazigh, encourage les petites filles marocaines à se scolariser pour étudier la poésie et les beaux textes….
J’aurais pu titrer cet article « I’m upset » tellement j’étais en colère quand j’ai vue l’autre meuf de Détroit (Madonna) s’approprier ce titre de Berber Queen! Quand elle a orné son crâne avec cette superbe couronne berbère, j’ai senti ma violence interne se réveiller. Je me suis dit : « Même ça, on nous le prend » !
Ces bijoux que nos grands-mères portaient se retrouvent utilisés aujourd’hui par n’importe quelle diva commerciale pour se dire Berbère ! Appropriation culturelle, quand tu nous tiens ! Parce que si nous, les héritières directes de cette culture portions ces ornements magnifiques, on serait ridiculisées, moquées et écartées de la société, sans pitié. Mais quand une femme occidentale s’approprie une culture ancestrale africaine ou autre, on crie au génie ou à la beauté suprême.
Alors évidemment, les occidentaux qui ne voient pas la violence de l’appropriation culturelle ne peuvent pas comprendre ma colère. Ils-elles ne voient pas le sacré de ces bijoux et de ces vêtements et ce que cela représente pour moi ! Ce n’est pas un déguisement, c’est mon histoire ! S’ils-elles ne voient pas le manque de respect, qu’il y a à parader avec ce genre de vêtements, c’est qu’ils-elles n’ont pas expérimenté ce que c’est d’être volé dans toutes son identité et d’être humilié pour ce que l’on est.
Vive les femmes berbères, les vraies reines de l’univers !
Je vous invite à lire sur Twitter le thread de cette brillante jeune femme, Sarah Amarir, qui explique la signification des bijoux berbères. Cette couronne de cornes en argent était une arme, que les femmes utilisaient contre les envahisseurs et colonisateurs, pour les assommer. Don’t mess with us miss Madonna !
THREAD:
— Sahar Amarir (@SaharAmarir) 17 août 2018
Something that really is bothering me as a Moroccan Amazigh is that neither those accusing #Madonna of #culturalappropriation nor those defending her are actually talking about this headpiece and its history.
Read below for a little but real sneakpeek of it pic.twitter.com/lYJ5h97F4u
On vous laisse avec cette vidéo de Fatima Tabaamrant, en souvenir de nos parents, grands-parents, ancêtres qui ne sont plus là, et qui nous ont transmis cette culture amazighe si riche.
[…] pouvait pas passer à côté de notre légende Fatima Tabaamrant dont elle nous avait déjà parlé dans un superbe article. Elle nous recommande également le compte Instagram d’illustrations féministes, Berbere […]