Incroyable qu’on ne vous ait pas encore fait dansé avec la grande Gwen McCrae dans cette rubrique du son du lundi, alors qu’elle n’a jamais quitté nos écouteurs. Gwen McCrae c’est la définition même du funk, du talent mais aussi de la résilience.
La musique a toujours été sa force et son oxygène dans sa vie. Cette icône de la Funk, et légende de la soul est capable de réveiller votre sensualité, de vous tirer les larmes, ou encore de vous faire danser pendant des heures, avec sa voix si puissante. Il est tellement difficile de ne choisir qu’un titre de sa discographie, qu’on a hésité jusqu’à la dernière minute. Pour ce son du lundi, on vous propose donc le tube All this love that I’m giving de Gwen McCrae.
Gwen McCrae est née Gwen Mosley, le 21 décembre 1943, en Floride, et était la plus jeune d’une fratrie de cinq enfants. Alors qu’elle n’a que trois ans, elle perd son père. De sa mère, elle hérite l’amour de la musique. La jeune Gwen commence alors à chanter, notamment dans la chorale de son église. À l’adolescence, elle commence déjà à se produire sur des scènes locales. La jeune Gwen a déjà une voix puissante et remarquable. Malheureusement, il est difficile d’en vivre et Gwen cumule les petits boulots, et devient entre autres, infirmière.
En 1963, Gwen a tout juste 20 ans quand elle rencontre un jeune et beau militaire de la Navy, George McCrae, qu’elle épouse une semaine après. George chante lui aussi, et le couple commence à se produire régulièrement en duo. Rapidement ils enregistrent un premier titre, et continuent à faire de la scène ensemble. En 1967, Betty Wright, une jeune chanteuse alors sous contrat avec le label Alston les remarque sur scène. Séduite par leur talent, elle les aide alors à signer dans son label. Le couple y enregistre trois titres en 1970. Le succès n’est pas au rendez-vous, mais le producteur propose un contrat solo à Gwen.
Elle enregistre plusieurs titres, dont son premier, Lead me on, une reprise de Bobby Bland. Le titre fonctionne bien et d’autres 45 tours suivront, distribués par Columbia. Mais c’est en 1974, puis en 1975, qu’elle retrouve les chemins des charts, avec les tubes For your love, et surtout Rockin’ Chair, qui se classe n°9 du top 100 aux États-Unis. Ce titre lui permet d’ailleurs d’être nommée aux Grammy Awards, dans la catégorie Best R&B Vocal Performance, la même année. Ses titres font partie du patrimoine musical noir-américain et laissent une trace indélébile dans la mémoire de chacun. Ses albums sont disques d’or dans le monde entier.
Forte de ce succès, sa maison de disque réédite ses anciens titres, dans un album intitulé Rockin’ Chair. C’est bien sûr un succès, et cela lui permet de sortir d’autres titres, comme notamment un duo avec son mari George, Winners together or looser appart, en 1976. Le couple divorce la même année, pour incompatibilité. Il n’a sûrement pas supporté le succès de son épouse … Dans une interview, Gwen McCrae est plus tard revenue sur le manque de soutien de George à l’époque : « J’étais mariée, mais je n’avais aucun soutien. Mon mari n’était pas à mes côtés. J’aurais pu aller plus loin, sans avoir à me battre autant, si l’homme que j’ai épousé m’avait soutenu. Il ne se souciait que de lui, il était très égoïste ».
En plus de ses problèmes dans sa vie personnelle, Gwen n’est pas satisfaite de son contrat, et quitte sa maison de disques. Elle déménage donc à New York, et signe chez Atlantic Records. En 1981, elle enregistre un album sur lequel figure le hit Funky sensation. Malgré le succès de ce titre, les ventes de l’album ne décollent pas. La chanteuse, alors âgée de 39 ans, retourne en studio pour enregistrer un deuxième album dans ce nouveau label. On my way, album purement soul, sort avec comme morceau phare Keep the fire burning, un titre enivrant.
Elle quitte finalement le label Atlantic, en 1983, et revient dans sa Floride natale. Elle enregistre et sort alors une reprise soul du titre Do you know what I mean, puis un album en 1984. Après cela, elle se retire du monde de la musique, lassée du manque de soutien des professionnels, et se consacre à l’éducation de ses enfants. Elle reprend même son travail d’infirmière.
Vers la fin des années 80, un engouement pour ses anciens titres la fait revenir sur le devant de la scène, et c’est celui que nous avons choisi de vous proposer. Le titre All this love that I’m giving, qui n’avait pas du tout trouvé son public en 1980 est réédité en 1988. Il rencontre alors un énorme succès, notamment en Angleterre. Il faudra attendre cependant 1992, pour un nouveau titre de Gwen McCrae, et 1996 pour un nouvel album, Girlfriend’s Boyfriend.
En 1999, c’est le duo français Cassius, fer de lance de la French Touch qui relance l’intérêt pour la grande chanteuse en France. Leur morceau Feeling for you, qui sample la voix de Gwen McCrae sur All this love that I’m giving, est un succès international.
En 2004, Gwen McCrae, alors devenue pasteur évangéliste, sort son premier album de Gospel, intitulé I’mn not worried qui rencontre un certain succès. Ainsi, en 2005, elle travaille avec le tourneur Soulpower Allstars qui s’est déjà occupé du grand retour de nombreuses diva soul, comme Marva Whitney, Martha High, ou Lyn Collins. Pendant deux ans, elle parcourt l’Europe pour de nombreux concerts, et notamment la France, où elle enregistre d’ailleurs un album Live in Paris, au New Morning, à Paris. Elle revient d’ailleurs dans la capitale pour une autre série de concerts à l’occasion de la sortie de l’album live. L’occasion pour les générations plus jeunes de la découvrir sur scène. Sa voix y est encore plus impressionnante que sur ses albums, énergique et pure. À plus de 60 ans, elle a une énergie qui impressionne le public. L’émotion est à son comble quand elle explique sur scène que l’amour du public lui avait tant manqué, et que c’est ce qui la maintient en vie, avouant à demi mots que son mari était violent… Sur scène, sa flamme brûle de mille feux.
En décembre 2010, elle sort son dernier single Now I found love, et continue les concerts en Europe. Moins de deux ans plus tard, après un concert en Angleterre, en juin 2012, elle est malheureusement victime d’une attaque cérébrale qui paralyse tout le côté gauche de son corps. La queen of groove ne peut plus chanter, ni se produire sur scène. Le public n’a plus de ses nouvelles depuis. Pour ne pas l’oublier, il nous reste sa musique et sa voix extraordinaires.