Le documentaire d’Amanda Micheli sur Jennifer Lopez, aka J.Lo, intitulé Halftime est disponible sur Netflix depuis juin 2022. Certes, il date un peu, mais il il vaut vraiment la peine qu’on le décortique et qu’on en parle ! La vie de la popstar y est montrée sous toutes ses coutures, en bonne success story. Mais son parcours n’a pas toujours été de tout repos …
Jennifer Lopez est la productrice de Halftime. Elle découpe sa vie comme une vraie business plan et s’appuie sur des chiffres et des faits ! En plus de 20 ans de carrière, cette jeune femme a cassé toutes les barrières qui pouvaient freiner son chemin, rien ne devait parasiter son ascension ! À croire qu’elle a tout fait pour vivre la vie rêvée de la chanteuse mexicaine Selena, qu’elle a interprétée avec brio dans le biopic réalisé par Grégory Nava en 1997.
Actrice, chanteuse, danseuse, productrice, entrepreneuse, mère, amoureuse, modèle Jennifer Lopez a vécu mille vies avec son lot d’échecs, d’humiliations, de romances et un succès financier foudroyant ! Cette femme a forgé son destin en écoutant son instinct et en travaillant parfois 22 heures sur 24. Elle dira d’ailleurs de sa suractivité : « Je me reposerai quand je serais morte ». En attendant, dans ce documentaire, J.Lo règle ses comptes !
Jennifer Lopez règle ses comptes avec la famille
On fait un bond dans le temps, jusqu’aux années 70- 80 dans le Bronx. Les parents de Jennifer sont très sévères avec leurs filles. On voit encore très bien cette tension entre J-Lo et sa mère dans le documentaire.
Jennifer Lopez a deux sœurs qui se débrouillent très bien à l’école, mais elle, elle rêve de scène et de paillettes ! D’ailleurs, son premier amour artistique, c’est le flamenco. Elle comprend l’énergie de cette danse et y puise son besoin de vivre sa vie intensément. À l’adolescence, elle va annoncer à sa mère, Lupe Lopez qu’elle veut vivre du show-business. Elle veut être actrice, chanteuse et danseuse comme Rita Moreno. Mais à cette époque, on obéissait à ses parents au doigt et à l’œil ! Et si on ne pliait pas à l’autorité parentale, alors c’était exclusion familiale.
J.Lo se retrouve SDF à 18 ans, précaire, fragilisée économiquement, mais une violente rage de réussir. Lupe Lopez avouera plus tard qu’elle aurait aimé avoir la carrière de sa fille, mais qu’elle s’est dévouée à élever une famille. Elle battait même parfois ses filles pour leur donner le sens de la discipline, selon elle. Un discours super toxique qu’ont hélas parfois beaucoup de parents immigrés. Dans Halftime, à travers ce documentaire J.Lo dit à sa mère « Tu aurais dû me soutenir ».
Montrer cette partie sombre de son histoire familiale est extrêmement courageux, car elle n’a même pas pu bénéficier du soutien et de l’affection de ce premier cercle. Pourtant, Jennifer va réaliser une double revanche, elle performe sur scène pour sa mère, mais surtout pour elle en brillant de mille feux ! Car sur scène J.Lo, ce n’est jamais tout en sobriété. FAR FROM IT !
Jennifer Lopez règle ses comptes avec les médias et les hommes
Quand on découvre ce documentaire, on plonge dans une époque fin 90 – 2000 où les médias sont colonisés par les hommes blancs, qui ont été abjects avec elle ! Il suffisait qu’elle se présentait sur un plateau télé pour que l’on ne parle que de son fessier. Tous les hommes journalistes se sont permis de commenter cette partie de son corps sans vergogne. Ne parlons pas des séries telles que South Park ou des chansons racistes comme Jennifer Lopez taco flavored kisses, qui l’ont fait passer pour une dame de ménage mangeuse de tacos stupide et vénale. Une moquerie déshumanisante qui a sérieusement touché son estime d’elle-même.
Oui, dans ce documentaire, J.Lo dit bien avoir douté de sa propre valeur et de son propre talent à cause des mecs… Quand on se moque en permanence de votre physique, de vos origines ou de votre travail comment ne pas tomber en dépression ? J.Lo à cette époque était sur toutes les couvertures de magazines à scandales, mais aussi de mode. Néanmoins, pas un article ne s’intéresse à son travail, juste à ses fesses et ses relations amoureuses.
Car la vie romantique de J.Lo est chaotique. Très peu de couples pourraient tenir face à une telle tornade d’insultes et très peu d’hommes soutiennent l’ambition féminine ! J.Lo est ambitieuse et ne s’en cache pas. MY WAY OR HIGHWAY !
Jennifer Lopez règle ses comptes avec l’industrie du disque
Le clou du documentaire, c’est la préparation du spectacle de la finale du Super Bowl à Miami, en 2020. On y voit les incertitudes de J.Lo car elle doit partager l’affiche avec Shakira. Et on se pose sérieusement la question, pourquoi Katy Perry, Lady Gaga, Madonna ont eu le droit à un solo show alors que deux femmes comme elles, ayant vendu autant de disques que ces femmes artistes, doivent se partager la scène ? Deux artistes latinas valent-elles une chanteuse blanche sur scène ?
Cette industrie du disque et du spectacle est bien connue pour sa cruauté. A un moment, on voit une jeune Jennifer Lopez persuader les producteurs de disque face caméra clamant « je ne suis pas qu’une danseuse, je chante, je veux chanter, je vais chanter ! « Et c’est ce qu’elle a fait avec succès, car ses disques se sont vendus par millions, mais Jennifer Lopez n’a toujours pas la reconnaissance de ses pairs en tant que chanteuse confirmée. On sent que le sujet est brûlant, car Jennifer Lopez a percé dans le monde de la musique sans créditer des musicien.nes, chanteuses ou producteurs. Beaucoup d’activistes afro-américain.es on dénoncé les privilèges de J.Lo, car c’est une latina light skin qui a profité du travail et de l’expérience des personnes noires pour percer dans la musique.
Ce documentaire, c’est l’occasion pour elle de montrer sa détermination, qu’elle veut casser son image d’imposture de la musique. Quand elle chante en direct à la Maison Blanche lors de l’investiture de Joe Biden, elle a encore quelque chose à prouver au monde. OPPORTUNITY MAKES A THIEF !
Jennifer Lopez règle ses comptes avec le cinéma
On en parle du montage de ce documentaire ? Un nombre d’heures incroyables ont dû être dérushées ! Toutes les carrières de Jennifer s’y croisent. On voit surtout à quel point Jennifer Lopez est une machine de guerre ! Pendant les répétitions pour le Super Bowl, elle fait également la promotion de son film Hustler dont elle est productrice et actrice principale. La sortie de ce film 100% féminin est électrique. La prestation de Jennifer Lopez y est iconique. Elle s’est mise à nu pour raconter cette histoire. Ce film est une véritable réussite artistique et commerciale. On a l’impression que J.LO va gagner un Golden Globes et être nominée aux Oscars…Mais rien de tout cela n’arrivera. On est alors complètement en empathie avec elle et on a envie de pleurer cette injustice ! L’histoire du cinéma et la future génération rendra hommage à Jennifer Lopez pour Hustler, mais aussi pour ce bijou de film de Soderbergh Hors d’atteinte ou encore la belle rom-com, Coup de foudre à Manhattan.
Autant la Jennifer Lopez chanteuse est la déesse tout en brillance, parée de bijoux Swaroski sur scène, autant au cinéma, elle joue des femmes de la vie réelle (stripteaseuse, dame de ménage, prof de danse, flic, institutrice.) Les Oscars 2020 ont eu un palmarès d’actrices blanches et Jennifer Lopez ne se prive de le signaler dans son documentaire. Et entre nous, on ne comprend toujours pas l’Oscar donné à Gywneth Paltrow pour Shakespear in love… BOOOOH WE KEEP BOOING !
Jennifer Lopez règle ses comptes avec la mode
Comme toute femme racisée, Jennifer Lopez ne coupe pas à la critique des femmes blanches sur son apparence. On se souvient du commentaire de Cindy Crawford à propos du corps de J.Lo, dans le magazine Self : « Je ne sais pas si j’aurais le courage de me promener avec ses fesses ».
Bien avant les Kardashians, Jennifer Lopez a redéfini les codes de la beauté, du corps, de la sensualité et donc de la mode. Personne n’a oublié son arrivé sensationnel aux Grammys Awards avec sa robe Jungle Versace, en 2000 ! Cette robe a poussé l’équipe de Google a créer « Google Image » (rien que ça)! Cette robe a été portée par 3 personnes avant elle Gerry Haliwell, Amber Valetta et Donatella Versace. Et pourtant, celle qui a immortalisé ce bout de tissu en mousseline vert, c’est bel et bien Jennifer et qui a changé le monde du numérique à jamais.
Dans le documentaire, on voit son équipe de styliste s’affairer à la préparer pour différents festivals, et lui servir un portant de vêtements colorés de créateurs juste pour elle. En un regard, elle sait exactement ce qui lui va et ce qu’elle va mettre, c’est assez impressionnant de voir une artiste bien connaître son corps et avoir un sens de l’élégance et du vêtement aussi pointu. Dans le film Selena, il y a une scène où une vendeuse de vêtement de luxe ne veut pas servir son personnage. On sent que cette scène, c’est du vécu pour Jennifer, qui veut venger cette jeune fille du Bronx. Chaque apparition médiatique de cette femme est quasi-iconique. Que ce soit pour une avant-première ou le Met Gala son style est impeccable… ELEGANCE IS AN ATTITUDE !
Jennifer Lopez règle ses comptes avec le Super Bowl et la politique américaine
Dans tout le documentaire Halftime, on est avec J.Lo, on sue, on pleure, on a des bleux aux genoux, on rit. On est vraiment en osmose avec elle, on sent que ce baptême de feu qu’est le Super Bowl est une occasion en or pour montrer qui elle est vraiment.
Et cette femme ne va pas hésiter à travers à dénoncer la politique brutale de Donald Trump, en mettant symboliquement des petites filles dans une cage de lumières pour la chanson Let’s get loud. Durant son mandat présidentiel, Donald Trump, par sa politique de contrôle de l’immigration particulièrement dure a fait mettre des personnes de la communauté latine dans des cages en acier et a séparé des enfants de leurs parents à la frontière. La veille de cette extraordinaire représentation, Jennifer Lopez se prend un coup de pression des hautes instances de la NFL pour retirer ces cages de sa mise en scène. On y aperçoit alors le visage de Donald Trump, et on comprend qui met réellement un coup de pression dans l’histoire.
Le show se fera tout de même et la partie de Jennifer Lopez sera truffée de symboles anti-racistes, féministes et pro Latinx ! Un véritable tour de force qu’elle a réussi à travers le show le plus vu au monde. A croire qu’elle était prête toute sa vie pour ce moment… BUILD FOR THIS !
Jennifer Lopez règle ses comptes tout court
Ce documentaire commence avec l’anniversaire des 50 ans de Jennifer. Elle fait le bilan de cette moitié de vie tout en préparant le show de la mi-temps du Super Bowl ! Cette femme nous prouve qu’elle est brillante, courageuse et tenace. J.Lo clôture dans son générique final avec ses chiffres, comme preuve de son travail !
80 millions de disques vendus dans le monde
15 milliards de streaming
40 films qui ont apporté 3 milliards au box office
225 millions d’abonné.es sur Instagram
5 milliards de générés sur différentes marques (parfums, Prêt à porter et autres produits)
Première femme dans l’histoire de l’art et du business à être numéro un au box office et au top 100 musicaux
Maman de deux enfants
Comme elle le dit si bien, « à 50 ans, j’ai l’impression de juste commencer ma vie ! »