La grande athlète américaine Allyson Felix a réussi à transformer une situation de discrimination sexiste en une opportunité. Malmenée par son sponsor, Nike, lors de sa grossesse, Allyson Felix a depuis lancé sa propre ligne de chaussures de sport. Retour sur le parcours incroyable de cette sportive.
Une athlète qui flotte dans l’air
- 2001 championne du monde de la jeunesse à Debrecen en Hongrie
- 2003 – Record du monde junior sur 200 m
- JO d’Athènes 2004 – Médaille d’argent sur 200 m à 18 ans
- Mondiaux Helsinki 2005 – Plus jeune championne du monde du 200 m
- Mondiaux Osaka 2007 – Triplé médaille d’or (200 m et relais)
- Mondiaux Berlin 2009 – Or sur 200 m et 4 x 400 m
- Mondiaux Daegu 2011 – Bronze sur 200 m, argent sur 400 m, or sur les relais
- JO Londres 2012 – Triplé olympique (200 m et relais)
- Mondiaux Pékin 2015 – Championne du monde sur 400 m, argent sur les relais
- JO Rio de Janeiro 2016 – Argent sur 400 m, or sur les relais
- Mondiaux de Londres 2017 – Bronze sur 400 m
- JO Tokyo 2021 – Bronze sur 400 m, or 4 x 400 m
Elle devient d’ailleurs, après Betty Cuthbert, la seconde athlète en nombre de médailles d’or remportées lors de Jeux Olympiques. Un palmarès inégalé pour cette championne qui a continué à gagner en étant mère, fait exceptionnel dans le sport professionnel, toutes disciplines confondues.
En novembre 2018, Allyson Felix a donc donné naissance à sa fille Camryn dans des conditions très compliquées, après seulement 32 semaines de grossesse. Sa fille a dû rester en soin néonatal pendant près d’un mois. Une épreuve qui va marquer sa vie de femme et d’athlète car c’est à ce moment que Nike décide de réduire son salaire de 70%. Cette véritable punition financière que lui impose la marque à virgule, en calculant sa rémunération d’après ses performances sportives avant/après son accouchement va être un véritable tournant dans sa vie.
Il en fallait du courage pour tenir tête à une société géante comme Nike ! Sa mission devient alors la défense des droits des mères dans le sport, en s’élevant contre la politique de maternité des marques de sports. En 2019, elle publie une tribune dans ce sens dans le New York Times. La dignité et l’amour de soi la pousse à ne pas renouveler son partenariat avec Nike. À la place, elle signe un contrat avec la marque Athleta, qui inclut cette fois, une protection complète pendant la grossesse. « J’ai l’habitude de me battre. C’est ce que je continue de faire, tout simplement », avait-elle dit.
Lorsqu’en 2020, la pandémie de coronavirus frappe le monde, Allyson, comme tous les sportifs se retrouve dans l’impossibilité de s’entrainer. Les stades et gymnases sont fermés, et les Jeux Olympiques de Tokyo sont d’ailleurs repoussés. Avec son entraîneur, Bobby Kersee, elle improvise des pistes de fortune : parking, rue, plage, tout l’espace public était devenu une salle de sport pour la jeune femme, qui ne voulait pas s’endormir sur ses lauriers. « L’expérience la plus folle, a été de m’entraîner dans mon quartier. J’étais déjà sortie courir dans mon quartier, mais je n’avais jamais sprinté dans les rues », déclarait-elle à Challenge magazine en avril 2019.
Une chaussure adapté à ses pieds
En s’entrainant dans la rue, elle prend conscience de l’impact du bitume sur ses pieds, et de comment ils amortissent le choc. De plus les JO approchant, elle déteste l’idée de courir en faisant de la publicité gratuite pour une marque qui ne voulait pas la signer. En effet, la marque Athena avec qui elle a signé son contrat était une marque de vêtements de sport, et n’avait pas de ligne de chaussures. Son esprit d’entrepreneuse se met en marche. Elle va donc créer sa propre ligne de chaussures de sport, sur mesure, pour les JO. Deux conceptrices / designers, Tiffany Beers et Natalie Candrian quittent Nike pour la suivre dans cette folle aventure.
Pendant la majeure partie du 20e siècle, les femmes n’étaient pas autorisées à pratiquer professionnellement de nombreux sports. Les fabricants de chaussures ont donc logiquement dessiné des chaussures de sport en se basant sur les pieds des hommes, pour eux. La force d’Allyson Felix, c’est de créer des chaussures pour les femmes par des femmes. Avec sa marque, elle donne un bon coup de pied à un système qui tente d’exclure les femmes pour ce qu’elles sont. Celle qui n’avait pas de chaussures pour courir aux JO de Tokyo s’est donc créé sa propre ligne sur mesure, à la hauteur de son talent !