[Musique] Rachid Taha : Douce France / Ya Rayah

dialna - Rachid Taha

La semaine dernière, l’équipe Dialna était contente de préparer la rentrée du magazine avec un premier son du lundi bien frais. Et puis la triste nouvelle est tombée. Le grand frère rock Rachid Taha s’en est allé, moins d’une semaine avant ces 60 ans. On ne pouvait pas ne pas rendre hommage à celui qui a amené le Raï en France, celui qui a bousculé les frontières musicales comme jamais avec sa voix rauque si singulière. Un an de musique ne serait pas assez pour dire ce qu’il représente pour nous. Alors à notre simple niveau, on lui dédie ces deux sons du lundi. On aurait tellement adoré l’avoir en interview ici.. 

Tout d’abord le morceau avec lequel beaucoup de gens l’ont connu. La reprise de Douce France de Charles Trenet, avec son groupe si bien nommé Carte de Séjour. Porter son nom, trouver ce nom de groupe et reprendre cette chanson en 1986, c’est la démarche artistique la plus révolutionnaire qui soit. Il paraît que Charles Trenet a détesté cette version. C’est bon signe. J’étais alors enfant, et je n’en comprenais pas complètement la force, mais j’adorais la mélodie, la voix rauque et douce, le côté rock et oriental, tout ça en même temps. C’était fou. Pourtant je pense qu’on a tous compris que c’était fort, que d’une certaine manière, c’était nous qu’on voyait dans ce clip. C’était une déclaration d’amour à la France mais surtout à tous les immigrés et leurs descendants, et par un immigré. Il nous disait « On est chez nous, ne nous cachons pas, soyons fiers, soyons beaux ». En tout cas c’est ce que j’ai entendu. Et nous aussi on l’a tout de suite aimé.

Pour les plus jeunes, Rachid Taha, c’était peut-être le numéro 1 (forcément) de « Un, deux, trois, Soleil », avec Cheb Khaled et Faudel, mais il était bien plus. Avec ces albums Diwan (1 et 2) il a su rendre hommage à la musique arabe, aussi bien le chaabi maghrébin que les grandes chansons égyptiennes.

Mais ce qu’on ne savait pas de Rachid Taha, c’est qu’il était un expert en musique maghrébine, notamment en musique chaabi. Des réalisatrices -teurs de films allaient le consulter, avant de filmer des documentaires et fictions sur le sujet. D’ailleurs sortir un morceau comme Ya rayah du grand Dahmane Elharrachi est bien à la preuve qu’il avait une connaissance de ses classiques du Maghreb, et qu’il voulait valoriser un patrimoine, tout en parlant de l’exil.

Qui aujourd’hui pourrait faire danser les foules, sur un morceau pareil ? Un morceau au rythme enchantant et aux paroles si tristes. Cette chanson lui ressemblait bien d’ailleurs, il aimait la fête, la scène, la musique du rock en passant par le raï au chaabi et pourtant quand on regarde bien ses portraits de près, il y avait sur son beau visage, une profonde tristesse qui touche cette génération d’enfants immigrés.

Rachid, sais-tu seulement à quel point tu as été aimé ? Est ce que tu te rends compte de ce que tu nous as laissés comme bagages culturels ?

Repose en paix mon ami ! D’ailleurs, ce n’est pas toi qui est parti, c’est nous qui ne sommes pas encore arrivés. <3

« Ch’hal nadmou laâbad el ghaflin qablak ou qabli »

En bonus, on vous propose aussi un reportage sur Carte de séjour, leur musique, leur engagement, leur force.


Que la terre lui soit légère. Allahy Rahmo

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1 commentaire

  1. […] pour nous Rachid Taha ? Impossible. C’est pour ça qu’on lui avait dédié notre premier son du lundi, en le doublant, avec Douce France et Ya rayah. On le triple dans la playlist du mois, en rajoutant […]

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