Nadia Bouchenni Et si on parlait de foi, dans le son du lundi, en cette semaine de début de Ramadan ?
C’est ce dont il s’agit dans le titre Imaan (foi en arabe) de Mustafa (anciennement Mustafa The Poet).
Mustafa Ahmed est né en 1996, à Toronto au Canada, de parents soudanais. Il grandit dans le quartier de Regent Park, l’une des plus vieilles cités de Toronto. La violence de rue a toujours fait partie du quotidien de Mustafa.
Adolescent, il interprète un poème qu’il a lui-même écrit, à l’école, A single rose. Il se fait connaitre pour sa poésie, soutenu par sa grande soeur qui l’a introduit à cet art et à ses bienfaits.
Il explore ensuite l’écriture sous toutes ses formes ; en s’associant avec des amis dans le collectif hip-hop « Halal Gang », en faisant un documentaire : Remember Me, Toronto, ou encore en collaborant avec la maison de Haute Couture Valentino sur leur collection automne/hiver 2019 avec le poème From the Perspective of Black Love.
Il commence également à écrire pour de nombreux artistes reconnus comme The Weeknd, Camila Cabello, Justin Bieber ou encore les Jonas Brothers.
En 2020, il sort son premier single, Stay Alive, une magnifique chanson sur la résilience et un appel à la survie pour ses amis de Regent Park. Au fil des années Mustafa a perdu de nombreux amis d’enfance, et consacre son album à ses deuils. Il s’agira de When Smoke Rises, sorti en 2021.
“Que les amis que j’ai perdu reposent en paix, longue vie à ceux qui sont en vie, rien n’est vain, Regent Park à jamais.” Mustafa sur Twitter
En 2023, il perd son grand frère Mohamed. Il sort quelques mois plus tard le titre Name of God, qui devrait paraître sur son prochain album, tout comme le titre Imaan que l’on vous propose aujourd’hui.
Dans ce titre et le magnifique clip qui l’accompagne, Mustafa s’adresse à la femme qu’il aime, Imaan, dans ce parcours de couple musulman, pris entre les doutes, la complexité de grandir dans une société occidentale qui fonctionne sur d’autres codes que ceux de leurs traditions et croyance. On peut également entendre la voix de la grande Snoh Aalegra dans le refrain. C’est la mannequin hollandaise d’origine marocaine et égyptienne Imaan Hammam qui joue dans le clip aux côtés de Mustafa.
Loin de dire que la religion est une contrainte, Mustafa chante avec douceur la difficulté de naviguer entre plusieurs plans, de se trouver et de trouver la paix.
Cette dualité se retrouve même dans la musicalité du morceau entre instruments à cordes du Soudan ou de l’Egypte et guitare folk purement américaine qui s’entremêlent de la plus belle manière, comme cette histoire d’amour que Mustafa raconte.
Et comme à son habitude il le fait avec plein de poésie et de douceur. Cette même douceur qui est si souvent absente dans le regard qui est porté sur nous, et qui fait tant de bien.
Le/La Muslman.e parfait.e n’existe pas, ne l’oublions pas.
Ramadan Moubarak.
