Le son du lundi cette semaine va nous emmener en Turquie, du côté de la communauté kurde, avec Hêja Netirk.
Dans le cadre d’un nouveau partenariat avec le podcast L’Orient à l’envers dont on vous a parlé récemment, Dialna va tenter de mettre en avant des artistes ou des domaines culturels de cette région mal connue qu’est l’Orient. Le premier épisode de ce podcast portait sur les identités kurdes, l’occasion pour nous d’y consacrer un son du lundi.
Hêja a 32 ans et est née en Turquie, plus précisément à Mardin, au Kurdistan turc. C’est avec la musique traditionnelle kurde qu’elle commence à s’intéresser à cet art.
Après avoir obtenu son diplôme, la jeune Hêja arrête la musique pour poursuivre des études supérieures de littérature et rassurer ses parents. Elle pensait à aller étudier à l’étranger quand ses ennuis avec la justice ont commencé.
En effet, son attachement à la culture kurde n’est pas qu’artistique. Elle est aussi une activiste engagée politiquement. En 2016 elle est arrêtée et est accusée d’avoir hébergée une femme affiliée au PKK, le mouvement armé kurde, et soupçonnée d’avoir organisé une explosion à Istanbul. La filiation de Hêja (son grand-père Ahmet Turk était le maire de Mardin, et un homme politique engagé dans la défense des droits des Kurdes) n’a fait qu’accroitre la suspicion de la police à son égard.
En 2017, elle est donc emprisonnée, pendant neuf mois. Durant cette période, elle se concentre sur la création artistique puisqu’elle y apprend à jouer de la guitare, et qu’elle compose ses premières chansons. Elle y crée une musique hybride entre sa culture kurde et des rythmes et mélodies plus occidentales, pour créer une folk kurde. Le combat politique de Hêja est également nourri de son féminisme, qui inspire également son art et sa musique. Elle décide de se consacrer plus professionnellement à cette carrière musicale, mais aussi cinématographique.
À sa sortie de prison, elle tourne dans son premier film en février 2018, Momê qui raconte l’histoire du conflit au Kurdistan turc.
Mais en avril 2018, elle est condamnée à cinq ans de prison. Pour la jeune femme, les autorités turques ont créé de toutes pièces les preuves à charge. Les médias appellent à l’emprisonner « jusqu’à 19 ans », au lieu de cinq.
Elle fuit alors son pays pour venir s’installer en Europe, plus précisément en Allemagne. Son premier EP Stranên Neşuştî / Filthy Songs, composé de 3 chansons est sorti en début 2020, alors qu’elle venait de quitter la Turquie.
L’un des titres que nous vous proposons en son du lundi cette semaine, est Belkî, (Peut-être), dans lequel la jeune femme parle « de la solitude de la nation kurde ».