Dialna existe depuis septembre 2016 et on n’a toujours pas rendu hommage à Cheikha Rimitti avec le son du lundi ? Ce n’est pas normal ! Erreur rectifiée en cette fin de printemps. Soyons béni.e.s par la voix de cette femme solaire qui fait vibrer nos coeurs et nos fesses avec ce morceau romantique, Nouar.
Rachida Taha lui a dédié la chanson Rimitti, Bouteiba Saïdi la considérait comme sa meilleure amie, Flea, le bassiste des Red Hot Chili Peppers lui a enregistré des sons sur mesure et Khaled s’est fait engueuler sur scène par cette insoumise de la musique … Une vie incroyable digne d’une oeuvre de Dickens.
Pour les personnes qui auraient une culture principalement euro-centrée et qui par le plus grand des hasard ne connaitraient pas Cheikha Rimitti, voici une brève présentation de cette femme hors du commun.
Née Saïda El Ghilizania le à Tessala, près de Sidi-Bel-Abbès, en Algérie, et morte le à Paris, Cheikha Rimitti, est une célèbre percussionniste et chanteuse algérienne de Raï. Elle a d’ailleurs été surnommée la « Mamie du Raï ».
Rimitti c’est une figure féminine et féministe majeure dans l’histoire de la musique nord africaine. Orpheline dès son plus jeune âge, elle a été exploitée violemment. « J’ai été élevée par des ‘patrons’, pas des parents », avait-elle déclarée.
À l’adolescence, elle quitte le monde rural pour suivre une troupe de musiciens nomades. La jeune Saïda connaîtra l’extrême misère avec eux, avant de se lancer dans la chanson dans les années 1940, à Relizane, Oran, puis Alger.
Quand elle prend le micro, Cheikha Rimitti fait scandale car dans ses chansons, elle raconte l’amour charnel, le corps des femmes, l’alcool, la liberté et le féminisme. Il fallait être sacrément féministe pour supporter les critiques des hommes de l’époque. Le succès finit par frapper à la porte en 1954, avec Charrak gatta. Avec ce titre, elle chatouille la fragilité masculine, car apparemment les paroles de cette chanson parleraient du mythe de la virginité !
En 1979, elle arrive à Paris. La légende dit que c’est dans les bars de la capitale qu’elle aurait gagné son surnom. Avec son accent et sa voix grave, elle avait l’habitude de dire « Remettez-moi un verre ». Rimitti est né ainsi.
À la fin des années 70, Cheikha Rimitti chante dans les cafés de quartiers de Barbès et Stalingrad. Dans les années 80, elle fait des tournées dans toute la France. Au début des années 90, elle touche une nouvelle génération d’artistes et joue à New York, Londres, Amsterdam, Stockholm, Genève, Madrid, Milan, Berlin, Le Caire… Là où elle passe, Cheikha Rimitti laisse son empreinte DZ.
L’album Nouar (2000) a obtenu le Grand Prix du disque de l’Académie Charles-Cro. Ce morceau, tiré de l’album du même nom, parle d’un rendez-vous romantique dans les montagnes où elle et son amoureux vont aller cueillir des fleurs…La chanson écrite en darija, langue ultra codée, laisse chaque personne s’approprier et interpréter les paroles comme iel le voudra …
Cette oeuvre c’est d’abord une pure vibration du bendir qui accompagne sa voix grave. Les hommes, eux, servent de choeurs et répondent en écho à cette grande dame qui déclare son amour. Nouar est un pur produit de l’Afrique du Nord avec son rythme obsessionnel. La chanteuse, elle, répète la même phrase plusieurs fois au point que l’on pourrait presque tomber en transe.
Morte juste après son Zénith parisien en 2006, elle restera à jamais l’une des plus grandes femmes artistes du nord de l’Afrique qui a cartonné à l’international ! Et nous on ne se cache pas pour lui clamer haut et fort notre amour !
On meurt d’amour pour Rimitti ! « Nmout halik ya Cheikha Rimitti » !