Beyrouth, années 60. Abdallah Kamanja vient de recevoir la plus belle nouvelle qu’il pouvait espérer et s’empresse d’aller l’annoncer à son meilleur ami, Victor. Un célèbre fabricant de pianos à Vienne est intéressé par SON piano à lui et veut le rencontrer.
Oui, parce que son truc à Abdallah, c’est la musique. Cette passion lui vient de son oncle, contre la volonté parentale. La musique, il l’a dans la peau, il ne vit que pour ça. Elle est partout, autour de lui, en lui.
Pendant de nombreuses années, il s’est creusé les méninges, démontant et remontant son piano classique adoré, pour trouver comment le faire jouer sa chère musique orientale. Il trouve alors l’utilisation d’une pédale sourdine qui décale d’un quart de ton les notes, lui permettant ainsi de rendre son piano capable de jouer oriental, de le rendre donc bilingue.
Le succès sera-t-il enfin au rendez-vous pour Abdallah ?
Parallèlement à son histoire, nous suivons l’arrivée en France de l’auteure, Z Abirached, l’arrière petite-fille d’Abdallah. On vit avec elle ses problèmes d’adaptation, de traduction, de changement d’habitudes entre le Liban et la France. Cet ajustement est constant, permanent jusqu’au moment où on trouve enfin son équilibre parfait entre deux cultures, deux langues, deux rives, deux musiques, et il est au cœur de ce livre.
On est séduit d’emblée par le personnage d’Abdallah, doux rêveur, véritable poisson-volant ne tenant pas en place, s’émerveillant de tout. Il garde une véritable âme d’enfant tout au long du récit.
Le piano oriental est un très beau roman graphique mais aussi sonore, musical, linguistique. La simplicité et la grâce du dessin en noir et blanc mettent en lumière une multitude de détails, rendant le livre quasiment vivant. On entend les bruits des rues de Beyrouth, des chaussures d’Abdallah qui couinent, et surtout le son de son piano oriental. On entend le français, et l’arabe avec ce si bel accent libanais pendant toute la lecture, qui devient une vraie expérience sensorielle.
Cette oeuvre parlera à toute personne déracinée, navigant constamment entre deux mondes, parce que, comme le dit bien l’auteure, « Être un piano oriental, c’est ouvrir une fenêtre à Paris, et s’attendre à voir la mer ».
PS : Pour finir de vous convaincre, je vous propose aussi celui des amis de l’équipe « ça part en livres » !
Zeina Abirached : Le piano oriental
Bande dessinée
Édition casterman