- Salope est l’insulte la plus entendue par les femmes dans la rue juste devant pute
- 75% des insultes faites aux femmes dans la rue proviennent d’hommes
- 65% des Françaises ont subi le harcèlement de rue avant 15 ans
- Et 82% avant 17 ans
- 76% des Françaises ont déjà été suivies dans la rue
- 100% des utilisatrices des transports en commun en France ont été victimes au moins une fois de harcèlement sexiste ou d’agressions sexuelles
Source : Libé, TerraFemin
On va arrêter d’énumérer ces chiffres odieux et avec Nadia on va d’abord se calmer devant un thé… C’est bon Nadia ?
Nadia : Pose la théière entière hein, il faut au moins ça…
Ok ! Commençons notre conversation sur ce douloureux et international problème du harcèlement de rue …. On a va pas se « Hasseb » on va discuter calmement sur le sujet, paroles de dictatrice…
Nora : Nadia te souviens tu de la première fois où tu t’es sentie mal à l’aise dans l’espace public ?
Nadia : Honnêtement, je crois que depuis que j’ai pu me retrouver seule dehors, j’ai toujours senti un malaise, que ce soit sur le chemin de l’école, pour aller à la boulangerie par exemple. C’était des trajets « normaux » et familiers pour une enfant d’une dizaine d’année, et pourtant, je me souviens d’un sentiment de honte, lié à des remarques, ou regards des hommes dans la rue. Oui parce que, même sans comprendre ce qui se passe, on intègre malheureusement très vite la HONTE.
Nora : Et ça c’est pas normal ! On nous apprends très tôt à nous méfier et surtout ne pas provoquer…Comme si on devait s’excuser d’être là ! Du coup les femmes ne font que traverser l’espace public et évitent les regards pour ne pas subir de réflexions. Ma pire expérience dans la rue c’était le Maroc ! Là bas c’était la fin de l’innocence !
Nadia : j’osais pas en parler mais là, j’ai vécu des choses vraiment pas normales.. Et encore je comprenais pas tous les propos. Mais faire porter la honte d’être là, d’être au féminin à une enfant, c’est très grave. Porter ce genre de regards à un être innocent, c’est quel genre de vice ? Inconsciemment, tu te dis déjà qu’il faut te méfier des « hommes », même si tu ne comprends pas pourquoi…
Nora : Toi aussi tu as vécu le harcèlement de rue au bled ?
Nadia : Oui, surtout dans les regards, et les mots, même si je ne comprenais pas tout. Ça me faisait me sentir sale, coupable d’exister comme j’étais, sans rien comprendre.
Nora : j’ai eu le même sentiment de malaise, j’avais vraiment l’impression de briser une forme d’innocence sur place avec des chuchotements dégueulasses et les mecs riaient entre eux… C’était ça le pire !!! Mais au Maroc, on s’est jamais permis de me toucher, alors que dans les métros, les rues et les cafés parisiens, laisse tomber ! Toujours sur le qui-vive et c’est pas normal de subir ce climat d’anxiété ! Tu te rends compte que le harcèlement dans les transports en commun reste un sujet tabou alors que 100% des femmes disent en avoir été victimes au moins une fois ! On est en 2016 t’es sure ?
Nadia : Toutes les femmes ont dû subir des attouchements en tout genre dans les transports ! Ça m’est même arrivée au cinéma une fois ! Et là, oublie toute forme de soutien de qui que ce soit. T’es seule avec ton agresseur la plupart du temps. Mais sinon il parait qu’en France la femme est libre et n’a rien à craindre ….
Nora : Rien à craindre… C’est la meilleure celle là ! Si les autorités et urbanistes pouvaient juste redessiner les villes pour le bien être des femmes, mieux les éclairer et mettre une véritable sécurité en place, là on n’aurait rien à craindre, mais ce n’est pas le cas ! Quant à la France, le Sénat a supprimé un article de loi visant à lutter contre le harcèlement sexiste dans les transports.
Nadia : Tu la vois la belle hypocrisie de nos politiciens ? En même temps, on a au moins 2 ministres accusés de harcèlement sexuel donc ouais le harcèlement de rue, ou dans les transports, ils n’ont pas intérêt à le pénaliser .. Parce que concrètement, on demande TOUJOURS aux femmes de faire attention, de ne pas se retrouver seule tard le soir, de prendre des cours d’auto-défense, d’avoir des bombes au poivre dans leurs sacs et j’en passe. En revanche, personne pour apprendre aux hommes à pas être des agresseurs ? Ou même, à ne pas créer des situations de potentiel panique pour les femmes ?
Nora : Il y a des associations qui ont décidé de prendre le problème à bras le corps comme
Les associations font de leur mieux pour lutter contre ce problème au quotidien, mais c’est une véritable problème politique, nous avons le droit de circuler sans porter en nous ce sentiments d’insécurité, c’est pour moi un principe fondamental de liberté !
Nadia : Oui il y a aussi des femmes, artistes qui utilisent leur compétences pour exprimer leur ras le bol comme avec projets : « Stop telling women to smile » de Tatyana Fazlalizadeh et « Unbothered, unimpressed » de Charlotte Prieu. Que les femmes se réapproprient l’espace public et la parole sur ce thème, c’est important ! Mais rien ne changera tant que les personnes au pouvoir, recevant les plaintes, prenant les décisions seront des gens non concernés. Tant qu’on apprendra aux enfants « c’est un garçon, c’est normal qu’il t’embête, c’est comme ça qu’il montre qu’il t’aime bien. Sois gentille avec lui », on sera foutues.
Nora : Tu as raison ça passe par l’éducation et par la solidarité aussi entre nous les femmes. Il faut aussi que les hommes se sentent plus concernés, ne pas rire à une vanne sexiste de leurs congénères et arrêter de nous considérer nous les femmes, comme figurantes de ce triste spectacle qu’est devenue la rue. « T’es bonne » ce n’est pas un compliment ! A partir du moment ou un être humain ne sent pas à l’aise et, limite, s’excuse d’être vivant, c’est que la société va mal ! Nous devons toutes et tous être à l’aise dans l’espace public, sans sentir un prédateur nous suivre ou nous regarder comme des proies.
D’autres sites utiles :
Stratégies de rue sur barbieturix.com
Nadia : On se quitte avec cette vidéo de l’excellente comédienne Jessica Williams du Daily Show qui nous montre la réalité au quotidien du harcèlement de rue, le tout avec humour. Désolée c’est en anglais !
purée quand j’ai lu l’article, pleins de choses sont remontées dans ma mémoire ( la main au cul quand je remontais l’escalator en sortant du rer…, « les bruits de la jungle » quand tu passes devant qq mecs au bled etc..). Je vous parle même pas de ce que j’entend comme phrases sexistes au boulot….. Bref, je forme déjà ma fille a ne pas accepter ce genre de chose quand elle y sera confrontée et je l’ai inscrite a la capoeira au cas où lol
Bravo pour l’article!
Merci pour ton commentaire ! C’est fou, ya pas une femme qui n’a pas vecu ça..
Pour ta fille, c’est clair, le plus important est de refuser cela, qu’elle ne se dise pas que c’est de sa faute.
Contribution à votre article: plasticienne engagée j’ai réalisé une série de dessins intitulée « This Is Not Consent » car un string en dentelle n’est jamais une preuve de consentement ! …
A découvrir : https://1011-art.blogspot.com/p/thisisnotconsent.html
Une série présentée pour le 8 mars à un public de jeunes lycéens. Quand l’art ouvre le débat !