[Livres] Passion livres photos

Dialna - livres photos

L’arrivée du numérique a bouleversé le monde de la photographie et du livre. Chaque jour, des milliards d’images sont publiées dans les méandres du net. Et pourtant le virtuel n’a pas détruit le papier, loin de là. Le monde des livres photos se porte bien et de plus en plus de livres sont édités. Certains sont même de petits bijoux. Voici une petite sélection très subjective pour les intéressé.e.s.

Le livre photographique devient le nouvel objet à collectionner, c’est une véritable invitation au voyage et à l’exploration d’un univers visuel. Quand on ne peut pas s’acheter un tirage, on s’achète un livre d’art photographique et l’acquisition de ces ouvrages apportent tout autant de satisfaction et de joie sur les étagères de nos bibliothèques. Voici mes coups de coeurs livresque que je vous conseille d’acheter de tout mon coeur <3

 

  •  « Les crimes passionnels n’existent pas » de Arianna Sanesi/Lydie Bodiou et Frederic Chauvin aux Éditions d’une rive à l’autre.
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« Les crimes passionnels n’existent pas » Arianna Sanesi

Quand vous avez ce livre entre les mains, il se passe quelque chose de précieux. Certainement grâce au toucher de la texture du papier ou de la reliure cousue d’un fil sombre qui assemble deux beaux cahiers. Cet objet se  manipule délicatement car c’est bien plus qu’un livre, c’est une galerie de portraits de femmes qui ont perdu la vie ; conséquences directe d’une organisation étatique patriarcale et violente envers les femmes. Un État qui se contente de comptabiliser ces violences pour les classer dans des tableaux Excel.

Chaque page, chaque image est un mémorial avec le nom d’une femme qui a perdu la vie car leur conjoint est passé à l’acte. Il faut prendre ce livre avec délicatesse, car ce sont des destins brisés que nous avons entre nos mains. La photographe Arianna Sanesi est partie à la rencontre de ces familles endeuillées, dans l’espoir que leur fille ou leur sœur ne tombe pas dans l’oubli. Les photos sont souvent des portraits en creux (portrait d’une personne à travers des objets, ndlr), car ces femmes ne sont plus là. Les couleurs des images sont majoritairement dans les tons pastels, comme pour alléger la douleur de l’absence. Posséder ce livre, c’est refuser l’oubli. Nous nous devons d’écrire et d’imprimer chaque nom et prénom de ces femmes qui sont mortes. Elles ne sont pas des statistiques ou des hashtags, ce sont nos soeurs, nos mères, nos filles, nos femmes, nos voisines, nos collègues, nos amies… Ce livre mêle poésie, photographie, justice et sociologie, il nous fait réfléchir et nous bouleverse en même temps. En effet, il n’existe pas de passion dans le crime on tue une femme, parce que c’est une femme point barre. Et l’État se doit de changer les choses, maintenant !

« Si des femmes ont été brutalisées, violées, réduites en esclavage, torturées, tuées depuis des siècles.  les logiques de leurs mises à mort sont spécifique: elles ne sont pas tuées de la même manière que les hommes, ni avec la même intensité, ni avec une ampleur similaire »  Lydie Bodiou et Frederic Chauvin

Les crimes passionnels n’existent pas
Photographies : Arianna Sanesi
Textes : Lydie Bodiou & Frédéric Chauvaud
Editions D’une rive à l’autre
Parution 26 janvier 2021
17×24 cm
84 pages
30€

 

  • « Je vous écris avec la chair des mots » de Michaël Serfaty aux Éditions Arnaud Bizalion
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« Je vous écris avec la chair des mots » Michaël Serfaty

Ce livre rouge de colère ressemble à un carnet Moleskine, dans lequel on peut coller des images, écrire des notes, dessiner par-ci par-là ; un oeil ou une bouche… Il nous donne envie de le feuilleter au chaud et se poser confortablement, bien assis.e pour accueillir ces témoignages poignants de femmes. Michaël Serfaty né à Casablanca, et vivant à Marseille est gynécologue et photographe. Il a collecté des témoignages de patientes pendant 30 ans. Serfaty y transpose toute son empathie et sa compassion envers ses patientes.

« Je ne trahis pas, je témoigne. Je ne révèle pas, je m’insurge. Je ne dévoile pas, je crie », écrit Michaël Serfaty, gynécologue et photographe.

En feuilletant ce livre on peut lire ces phrases prononcé par des femmes :

« Je refuse que mon corps soit abîmé et réparé »

« Je vis / Sang dire un mot »

« Je ne veux pas déranger… je ne fais que passer »

« Les pages de ma vie sont vides »

Michaël Serfaty décide de mettre en images et en pages toutes ces heures d’écoutes et de soins dans un livre photo qui va mélanger les matières, les histoires, les générations et les origines. C’est un véritable travail d’archiviste et de plasticien qu’il a réalisé. Chaque photo est une oeuvre qui décrit parfaitement une atmosphère, chaque témoignage collecté mériterait un débat sur la solitude, la violence ou la souffrance.

Le livre est épais et les photos sont contrastées, la plupart sont en couleurs. C’est un livre qui doit exister, pour diffuser les paroles de ces femmes, partout en France, plus loin et plus longtemps que lors d’une consultation dans un cabinet.

Michaël Serfaty a compris que le silence et la solitude tuent à petit feu, qu’il existe plusieurs violences faites aux femmes et qu’il faut crier son indignation, pour que les choses bougent. À travers la photographie, il nous montre avec brio les corps abîmés et résistants de ces patientes. Lui aussi n’est pas sorti indemne de cette expérience. On perçoit qu’il a été touché partout dans sa chair par ces mots.

Je vous écris avec la chair des mots
LE LIVRE FF 28 x 22 cm
160 pages couleur sur offset blanc 140 g
170 photographies couleur
Dos carré cousu collé
Couverture souple avec rabats
Accompagné du carnet Dialogues comportant des extraits de textes de Marie Darrieussecq
Disponible dès à présent sur le site de l’éditeur 38 €

 

  • « El Maghreb » de Malick Nejmi aux éditions L’oeil électrique.
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El Maghreb de Malick Nejmi

Avec ses trois livrets photographiques dans un beau coffret jaune et noir, « El Maghreb » est devenu un classique du livre photographique. Bien qu’il soit paru en 2006, on peut toujours se le procurer et on se doit d’ailleurs de l’avoir dans sa bibliothèque. Malick Nejmi, auteur photographe franco-marocain, né en 1973 nous raconte sa vision du Maroc en tant que fils d’immigrés. Très peu de texte dans ce livre photographique, mais beaucoup d’images colorées, vivantes et naïves…Personne ne pose, ce sont des images prises sur le vif et c’est ce qui donne de la force à ces 3 volets.

Volet 1 Image d’un retour au pays.

Les photos montrent la carcasse chaude de la voiture qui a accompli l’exploit des 3000 km, les cassettes qui fondent sur le tableau bord, l’arrivée au Maroc au petit matin quand les rues sentent la terre et la poussière. Ce livret nous transporte directement dans cette atmosphère des premiers jours de l’arrivée au bled.

Volet 2 Ba ou Salam

Ces photos sont plus personnelles. On y voir le rapport père-fils. Comment son père se transforme une fois la frontière espagnole passée, comment le rapport change entre ces deux hommes, tous deux adultes, qui communiquent entre silence et photographies. Malick Nejmi a besoin d’écouter les histoires de son père, de l’observer parler avec ses proches, pour ne pas oublier.

Volet 3 Ramadan

Un livret qui nous montre la vie de quartier pendant le ramadan, complètement endormi la journée et comment ce monde se réveille petit à petit pour occuper l’espace public après la cassure du jeûne. Fumée de cigarette, verres de thés au sol et appel à la prière sont le décor de ces espaces. Un livre sensuel qui nous plonge directement dans un pays lumineux, complexe et beau. Fière d’avoir cet ouvrage dans ma collection de livre.

El Maghreb de Malick Nejmi
Éditeur : Oeil Electrique  (15 avril 2006)
Cartonné : 204 pages
Poids de l’article : 1 kg
Dimensions : 21.5 x 3.5 x 21 cm

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