[Interview] : Sara Benziane, love/business coach

Dialna - Sara Benziane

Les femmes racisées ont souvent transformé leurs douleurs en force. Certaines accompagnent les autres pour devenir la plus belle version d’elles-mêmes. Sara Benziane est l’une d’entre elles. Elle est devenue coach de vie, spécialiste en amour et en business ; deux sujets intrinsèquement liés.

Sara Benziane est coach, consultante et formatrice, entrepreneure depuis 2013. Elle a longtemps été consultante en conduite du changement pour de grandes sociétés du CAC 40. Elle crée son entreprise de coaching et de formation en 2019 afin d’aider les femmes à exprimer leurs besoins et leurs valeurs, sans bullshit. Elle a coaché des dizaines de femmes via ses accompagnements sur les relations amoureuses, l’entrepreneuriat, la reconversion professionnelle.

Créatrice du podcast Tu mérites un amour,  elle anime régulièrement des conférences en ligne, et a à cœur d’aider les femmes à se libérer des injonctions sociétales pour être à 100% elles-mêmes.

Dialna : J’adore comment tu vulgarises le coaching dans tes vidéos. Peux-tu te présenter à nos lecteurs/trices ?

Sara Benziane : Je suis née et j’ai grandi à Alger. Mes sœurs et moi avons fait notre scolarité dans des écoles publiques. Ma famille et moi avons vécu la décennie noire, mon père était exposé à ce moment-là. Enfant j’ai vu des choses violentes et hallucinantes petites. On a grandi et on a construit notre adolescence, notre identité à travers la guerre. Cela conditionne toute notre vie. Mais j’ai eu la chance de grandir dans une famille aimante qui m’a encouragée à penser par moi-même et à me cultiver. Je n’avais pas ce rêve de l’immigration comme pourrait penser certains, je n’avais pas de fascination pour ce monde européen. J’étais bien à Alger. Mais une fois ma licence de traduction obtenue, tous mes potes allaient étudier à l’étranger, je me suis dit « pourquoi pas moi » ? Je pensais ne rester qu’un an et rentrer à Alger rapidement. La vie a prévu d’autres choses pour moi : un travail sur place et la rencontre avec mon mari de l’époque. Aujourd’hui cela fait 17 ans que je suis en France.

 

Et je n’ai pas réalisé tout de suite que la première chose que les gens voyaient, c’était mon nom. Sara Benziane.
Sara Benziane, coach

 

D : Que représentent tes origines pour toi ? 

S. B. : Je suis Algéroise car née à Alger. Mais je suis aussi Amazigh Chaoui du côté de mon père. Ma mère, elle, vient de Biskra. C’est intéressant que tu parles des origines car tout ce que nous étudions en Algérie, c’était la guerre d’indépendance. On n’apprend pas forcément des choses sur nos origines, le grand Tamazgha, l’Afrique. On te dit tu es arabe et algérienne. C’est tout. Aujourd’hui j’ai le recul nécessaire pour dire que je ne suis pas Arabe et que je n’ai pas forcément envie de m’accrocher à cela. Je découvre aussi tous les points noirs comme la négrophobie et le racisme. Déconstruire tout cela, c’est assez traumatisant, mais riche et nécessaire. Cela a un énorme impact sur mon métier. Je suis en train de pivoter complètement car ma cible, mon activité et mes services changent en fonction de cela.

D : Ton parcours professionnel est incroyable. Il t’a aussi permis de comprendre certaines choses. Tu peux nous en parler ?

S. B. : J’ai fait des études en traduction mais je n’ai jamais travaillé dans ce domaine. Je ne pourrais même pas te dire comment ces opportunités sont venues à mois. J’ai été commerciale, manager dans des start-ups et j’ai fait du conseil. Lors de ma dernière expérience je faisais du consulting en conduite du changement et là j’ai commencé à être formée au coaching, à l’accompagnement et au mentorat. J’y ai compris beaucoup de choses. J’ai réalisé que je n’étais pas blanche, même si je bénéficiais d’un white passing ! Quand je suis arrivée en France, j’étais persuadée que l’on était tous pareils. C’était le pays des droits humains, une vision presque bisounours ! Et je n’ai pas réalisé tout de suite que la première chose que les gens voyaient, c’était mon nom. Sara Benziane. Je suis une femme algérienne, j’ai donc été confrontée au racisme et au sexisme de manière très subtile, car dans les hautes sphères on ne l’est pas ouvertement. J’ai fini par comprendre un peu plus tard que l’on ne prendra pas en compte mon expérience et mon savoir faire dans un milieu emprunt de sexisme et de colonialité. 

D : Qu’est ce qui t’a fait bouger vers l’indépendance et le coaching ?

. : Pendant mes 10 ans en tant qu’employée d’entreprise je me suis formée au coaching et au développement personnel. Je me suis toujours gardée cette idée dans un coin de ma tête. Et il y a 3 ans, j’arrive dans une boîte où la boss me demandait tous les matins des présentations Powerpoint sans que je sois préparée. Elle en prenait le mérite à chaque fois. Un jour, elle m’appelle à 20h, pour me dire qu’il manquait un « S » à la slide 47 de ma présentation. Pardon ? J’ai réalisé qu’il y avait un problème car elle ne traitait pas les autres employé.es comme cela. Mon corps a pris le contrôle, il a littéralement vrillé. J’ai pris mon sac et je suis rentrée chez moi. Physiquement, je ne pouvais plus être dans cette entreprise. J’ai pris la décision de partir et de monter ma boîte. J’étais déjà formée à toute la communication, la gestion. J’étais prête ! Et le Covid a fait son apparition sur Terre. J’ai réussi à me faire licencier, et depuis, j’investis tout mon temps dans ce projet de coaching. 

 

J’avais l’impression que ma voix pouvait porter super loin et qu’on m’obligeait à parler doucement. Moi, je voulais hurler au monde ma vie, surtout dans ma sphère amoureuse.
Sara Benziane, coach

 

D : Parlons du monde du coaching. Nous avons eu la chance de rencontrer et d’interviewer des coachs incroyables qui change des vies comme Marie DaSylva ou Lisa Nasri. Il existe aussi des coachs aux compétences plus que contestables. J’imagine que celles-ci vous créent du tort ?

S. B. : Ce qu’il faut savoir, c’est que le métier de coach n’est pas un métier règlementé en France contrairement à d’autres pays. On peut trouver une multitude de formations mais avec un prisme euro-centré, car le concept a été créé aux USA dans les années 60, pour des gens qui vont bien financièrement et sont prêt à investir en eux-mêmes. Aujourd’hui de nombreuses personnes ont envie d’être coachées, mais elles ne collent pas aux profils du client.e de base. Je trouve également qu’il y a des principes de coaching qui ne sont plus d’actualité. Ils sont hyper euro-centrés, et gomment les aspérités de cette société. Je vais d’ailleurs enregistrer un podcast sur les bullshit du coaching car en effet il y a beaucoup à dire sur la profession. Les personnes racisées doivent prendre de la place sur ce terrain professionnel.

D : Pourquoi t’es tu spécialisée en coaching Amour et business ?

S. B. : J’avais un super job sur le papier, avec un super salaire, je travaillais à la Défense et quand j’ai eu ce déclic de ne pas être reconnue à ma juste valeur en tant qu’être humain dans mon authenticité, je me suis posée de sérieuses questions. J’avais l’impression que ma voix pouvait porter super loin et qu’on m’obligeait à parler doucement. Moi, je voulais hurler au monde ma vie, surtout dans ma sphère amoureuse. J’avais vécu un premier mariage chaotique, avec une personne dysfonctionnelle. J’ai ensuite enchainé les dates foireux. Et j’ai réalisé qu’il fallait me prendre en main. J’ai pris conscience que j’avais tout en moi et que je suis une femme géniale. Je n’ai pas besoin d’être une femme parfaite pour trouver quelqu’un qui me corresponde. Il fallait que je le dise aux autres ! Et j’ai créé un compte Instagram pour porter mon message au sujet de l’amour avant de créer ma boite de coaching et ça a pris ! Quant au business j’ai créé ma société de coaching donc les deux sont liés ! 

D : Qu’est ce qui a changé dans ta vie amoureuse quand tu as décidé de porter ta voix et de vivre ta vie ?

S. B. : J’ai vécu 7 ans d’errance dans ma vie amoureuse avant de rencontrer mon mari actuel ! Je n’arrivais pas à trouver quelqu’un qui me corresponde. J’ai réalisé que je me faisais petite, j’acceptais l’inacceptable et je n’avais pas confiance en moi et mes capacités à trouver quelqu’un pour moi. Je n’avais pas confiance en ce que je pouvais apporter, moi, dans une relation. Quand j’ai compris tout cela, j’ai voulu porter ce message aux femmes qui galèrent dans leur vie amoureuse. C’est comme cela que j’ai commencé mon « love coaching ». Je couvrais toutes les sphères de la vie, tout est vraiment lié ! Une cliente va être à découvert et vivre des relations toxiques. En décidant d’investir en elle, et se remet dans une relation saine et ses finances suivent. Vraiment dans nos vies tout est connecté, c’est dingue ! 

 

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D : Quelle est la différence entre du coaching et une séance de psy ?

S. B. : La démarche thérapeutique psy est complètement différente du coaching. Chez un psy, on va se focaliser sur le pourquoi des relations amoureuses pourries ? Alors que dans le coaching est plus ancrée dans le présent, on utilise les évènements passés pour pouvoir avancer et passer à l’action. Je demande souvent à mes clientes si elles ont été en thérapie, parce que toutes les personnes qui veulent être coachées ne sont pas forcément prêtes à être coachées. J’ai dit non plusieurs fois à des femmes qui avaient beaucoup plus besoin d’une thérapie que d’un coaching. Le but c’est d’aider nos clientes à avoir des résultats.

 

L’amour est un sujet qu’on a tendance parfois à mettre de côté. Il y a un tabou, les gens n’assument pas être coaché sur ce sujet alors qu’en business c’est prestigieux.
Sara Benziane, coach

 

D : Comment se passent tes premières consultations ?

S. B. : Au début je propose des masters classes, des coachings de groupe et individuels. J’ai une capacité de création assez phénoménale et en deux ans j’ai créé une quinzaine de services ou produits en ligne. C’était comme un exutoire ! Il fallait que je crée et que je donne via des podcasts, du contenu payant et gratuit en ligne et un moment j’étais épuisée. Je me suis centrée sur moi car j’ai beaucoup investi d’argent et de temps pour ce métier de coach. Là, je vais prendre du temps pour déconstruire et décoloniser mon esprit, et ça a pris une autre ampleur, car ma vision du coaching, mon message et mon public cible change! Ces séances vont servir pour les générations à venir et ça va servir ! L’amour est un sujet qu’on a tendance parfois à mettre de côté. Il y a un tabou, les gens n’assument pas être coaché sur ce sujet alors qu’en business c’est prestigieux. L’amour avec un grand A c’est essentiel dans notre vie, on remet notre vie amoureuse à plus tard. Mais on mérite un amour et moins que ça on ne prend pas ! Et oui on peut tout avoir : l’amour, le travail, les amis !

D : Comment casser ce mythe qui voudrait qu’on ne puisse pas tout avoir, auprès des femmes racisées ?

S. B. : On a été conditionnées à ce discours, mais qui a dit ça ? Aussi casser le mythe de “Il faut que ce soit long, douloureux, compliqué périlleux, que tu décèdes sur place et peut être un jour inch’Allah tu vas tout avoir ? »  Non, on casse le truc douloureux, je veux que ce soit fluide, beau et léger ! 

D : Nous sommes toutes les deux nord-africaines, parlons de ce que l’on connaît.  Le fait que l’on n’ait pas eu d’éducation sentimentale joue-t-il sur notre vie amoureuse ?  Cette éducation sentimentale existe-t-elle ou est-ce un mythe européen ?

S. B. : J’adore cette question. C’est très juste. En effet il y a ce mythe toxique dans lequel on a été éduquée qui dit que tu dois être choisie et tu dois être impeccable pour rentrer dans le moule. Tu portes aussi l’image de la fille de bonne famille ’bent familia”, concept que je n’ai toujours pas compris (rire). Mais qui dit éducation sentimentale, dit éducation sexuelle, ce qui est inexistant dans nos communautés. J’ai grandi avec ce principe « pas de sexe avant le mariage », voila ce que l’on a comme information. Ça et aussi que le mariage c’est bien, qu’il faut faire des enfants. On te conditionne à cette vie et quand tu dis je ne sais pas, la réponse n’est pas recevable. Il faut que tu saches ce que tu veux dans ta vie ! Cette éducation sentimentale en Europe n’est pas terrible non plus, car on peut trouver des loves coach, hyper toxiques aussi dans leurs conseils. Il existe des ateliers du genre comment faire un silence radio efficace. En clair, il faut manipuler les hommes pour qu’ils nous choisissent ! Ou comment être une déesse au lit ! Arrêtez de montrer aux femmes des techniques qui les éloignent d’elles mêmes. Pourquoi on n’apprend pas à nous connecter à nous même, à prendre notre place, à poser nos limites ?   

D : Est ce que ce manque d’éducation sentimentale, sexuelle nous pousse vers des relations toxiques en amour, en tant que femme cis hétéro ?

S. B. : Ce qui va nous pousser vers une relation toxique, ce n’est pas le manque d’éducation sentimentale mais le manque de confiance en sa capacité à choisir quelque chose qui est bon pour nous ! Moi par exemple, j’ai accepté l’inacceptable car je me disais “Tu ne peux pas avoir mieux ! tu n’es pas digne d’avoir mieux”. Je ne savais pas recevoir. Et dès que je rencontrais quelqu’un qui était susceptible de m’intéresser, je me disais c’est trop beau pour être vrai. On a tellement été conditionnées à être cette petite fille parfaite ! On ne sait pas où ce conditionnement peut nous emmener, on ne contrôle pas la destination de notre vie ! Aujourd’hui est ce que je m’autorise à dire « fuck » à ce qui ne va pas ? Est ce que je m’autorise à être seule ? Est ce que je peux me centrer sur moi et apprendre à dire non. Casser cette idée d’être choisie et dire oui à tout. Si seulement ces femmes pouvaient arrêter de se sentir chanceuses quand un homme vient vers elles et voir à quel point elles sont exceptionnellement géniales et qu’elles sont aussi en position de choisir ! 

D : Est-ce aussi dans notre éducation d’avoir honte de l’amour et de nos erreurs (financière ou amoureuse) ?

S. B. : Même dans le monde euro centré, il y a un réel souci avec l’échec. On n’y a pas le droit à l’échec ! Si tu te lances, ça doit être pour réussir. On ne fait pas de l’échec une partie intégrante de l’expérience. Je parle souvent des erreurs que j’ai faites pour que mes clientes n’aient pas honte des leurs. Comme sur les applications de rencontres, une des raisons pour laquelle cette expérience ne fonctionne pas, c’est que mes clientes y vont avec des enjeux, de l’affect. C’est vraiment chargé d’émotions. Elles se mettent la pression pour trouver le bon ! Forcément, elles risquent de tomber sur une personne pas engageante qui utilise aussi cette application. C’est important de jouer le jeu. Si ça marche, tant mieux, et si ça ne marche pas, et bien on se nourrit de nos échecs pour appréhender des situations que l’on a déjà vécues. 

 

Dialna - Sara Benziane
Sara Benziane (DR)

 

D : Peux-tu nous parler de ton programme « fire match » ?

S. B. : C’est un accompagnement dédié uniquement aux applications de rencontres. L’idée, c’est d’apprendre à exprimer ses besoins et ses valeurs clairement, y compris sur ces applis. Œuvrer sur ces fameuses croyances bloquantes et apprendre à créer des profils qui correspondent à qui nous sommes et à initier les échanges sans détour. Le but est d’en faire une expérience agréable et de jouer le jeu plutôt que d’y aller la boule au ventre. L’accompagnement est fermé pour le moment mais il reviendra bientôt.

 

Tu peux avancer avec tes bagages et tes traumas, continuer à œuvrer dessus et commencer une histoire d’amour saine, ce n’est pas incompatible !
Sara Benziane, coach

 

D : J’ai l’impression que l’on ne peut pas vivre une belle histoire d’amour saine, si on ne s’aime pas en premier. Au final, la vraie histoire d’amour, c’est d’abord avec nous-mêmes ?

S. B. : C’est beau. Attends je m’imprègne de ce que tu viens de dire, oui ça m’émeut. Je veux aussi soulever cette injonction à la guérison des blessures et des traumatismes pour pouvoir vivre une belle histoire d’amour. Et moi je dis bullshit ! Tu peux avancer avec tes bagages et tes traumas, continuer à œuvrer dessus et commencer une histoire d’amour saine, ce n’est pas incompatible ! J’entends chez mes clientes parfois le discours “Je ne suis pas prête, j’attends de travailler sur moi” Mais s’aimer et travailler sur soi, c’est sur toute une vie ! Cela veut dire que tu vas t’empêcher de vivre cette expérience, parce que tu dois te soigner ? Personne n’est parfait. Quand on est dans une relation hétéro-normée, il y a le mythe du mec parfait, mais en face de toi tu as une personne qui a des doutes, des failles, des expériences et des douleurs. On glorifie les hommes et nous on se dit “Je suis une merde, je dois guérir d’un truc, je dois perdre 20 kilos, faut que je trouve un nouveau taf et là, je pourrais peut-être trouver un mec” Eux aussi font du mieux qu’ils peuvent, quand on comprend ça, on peut se dire qu’il y a possibilité d’avancer ensemble. 

D : Une femme ayant survécu à des violences conjugales peut-elle vivre une histoire d’amour belle et saine, par la suite? Après le chaos, la lumière existe-elle en amour ?

S. B. : La réponse est oui ! Si on s’appuie sur mon expérience, j’ai survécu à des violences sexuelles, financières et psychologiques dans mes relations passées. Je me disais je suis cassée, je suis irréparable. Non non ce n’est pas vrai, ce qui va être important dans ce cas là c’est de s’apporter de l’amour à soi, de l’indulgence et de la bienveillance, au point de se dire « ok tout n’est pas réparé mais j’ai le droit à ça » ! Autant que les gens qui ont le privilège de ne pas vivre ce genre d’oppressions. Tout le monde à le droit à l’amour ! Quelle que soit notre situation, notre religion, couleur de peau, situation sociale. A partir du moment où tu es sur terre, tu existes donc tu as le droit à l’amour ! C’est un droit de naissance. 

 

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D : Comment une personne abîmée par une relation peut restaurer cette envie de rebondir ?

S. B. : Un des points communs auprès de toutes mes clientes quand elles commencent une consultation avec moi, c’est qu’elles parlent beaucoup de leurs ex. Et je les stoppe pour dire ok on va arrêter de parler de l’autre et on va te remettre au centre de ta vie. On va parler de toi, quels sont tes besoins, tes valeurs, tes croyances, ta vision ? S’extraire de la perfection pour la prochaine relation. Parfois j’entends “Je veux guérir pour être parfaite, pour celui qui va me choisir”. Il y a un nouveau paradigme à embrasser sur ce que la personne veut. Il faut arrêter d’avoir tellement envie que les gens nous valident et arrêter d’attendre ce regard bienveillant des autres sur soi. On doit porter sur soi un regard bienveillant en priorité. C’est super important. C’est pour cela que je ne ferai jamais un contenu du genre “Ce que veulent les hommes, comment les séduire, comment les rendre fous ». On s’en fout en fait !

 

Je ne sais pas si tout le monde est fait pour l’entrepreneuriat mais je pense que tout le monde a le droit d’essayer.
Sara Benziane, coach

 

D : Après l’amour, on peut parler Business ? Penses-tu que tout le monde peut être entrepreneur.e ?

S. B. : C’est marrant mais c’est souvent des gens qui ont eu des parents entrepreneurs qui te disent, oui l’entrepreneuriat c’est inné. Quand on a les capitaux pour se lancer ce n’est pas inné mais acquis. Ce qui va être important c’est les enjeux qui accompagnent l’entrepreneuriat. Je n’accompagne que des femmes qui veulent se lancer, celles qui ont une super idée mais qui ne savent pas comment faire. Je veux leur faire comprendre ce qu’elles veulent, leur vision et surtout si elles sont prêtes à naviguer avec les aléas de l’entreprise. Ce que l’on voit sur Instagram, ces personnes qui sirotent un jus à Bali et qui se font 100k par mois, ce n’est pas la réalité. Il y a des mois où l’on cartonne et d’autres où il n’y aura rien. Est ce que mon “why” est important pour que je puisse tenir quand ça marche moins bien ? Je ne sais pas si tout le monde est fait pour l’entrepreneuriat mais je pense que tout le monde a le droit d’essayer. Il y a un côté élitiste de l’entrepreneuriat en France, mais dans le nord de l’Afrique tout le monde fait du business à tout va, sans faire Sciences Po. Et ces personnes arrivent à créer de l’argent. 

D : Quels sont les business que tu as créés ?

S. B. : J’ai commencé à entreprendre en 2013. Je travaillais pour une startup qui aidait ses salariés à créer des boîtes, mais je n’ai pas continué, car c’était pas un projet perso. J’ai aussi créé un blog culinaire en 2012 que j’ai réussi à monétiser, mais l’entreprise qui a le plus fonctionné c’est ma structure de coaching. 

D : Ton business te permet de parler d’amour en fait ?

S. B. : Quand je me suis lancée, je parlais beaucoup d’amour et quand j’ai commencé à parler d’autres sujets, “la police” du business et de l’entreprenariat me disait, il faut te spécialiser, si tu parles à tout le monde, tu ne parles à personnes etc…

Moi je vais faire ce qui me semble juste et on verra. C’est là que mon affaire à pris plus d’ampleur, je parle de ce que je veux.

 

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D : N’as tu pas peur du vol de savoir, que les gens piochent dans tes contenus ?

S. B. : Non je n’ai pas peur, car je sais que je suis la seule à faire du Sara ! Je vois des coaches acheter mes produits en ligne, venir à mes conférences. Je fais plus attention aux choix de mes interventions et je ne laisserai pas passer le vol ou le plagiat. Avec ma juriste on a mis en place une charte éthique qui me permet de virer des gens, pour créer des espaces safes et inclusifs. Notamment parce que j’ai eu une cliente un jour qui m’a dit tu parles trop de racisme sur les personnes noires et tu devrais parler du racisme anti-blanc. Je l’ai vécu comme une agression. Bien évidemment je l’ai remise à sa place, elle l’a mal pris s’est désabonnée de mes comptes en ligne. Elle est revenue plus tard pour me demander des ressources gratuites et elle s’est désabonnée. J’ai fait une story pour dire “NON ça ne se fait pas”.

D : Justement est ce que les espace safes existent vraiment ? Même quand on est entre femmes et personnes racisées?

S. B. : C’est important de le créer cet espace. C’est comme le consentement, on part du principe que le consentement est tacite jusqu’à la fin. Mais tu peux dire non à tout moment. On doit s’assurer que chaque espace soir safe à chaque instant.

D : Que souhaiterais-tu à nos lectrices/teurs ? J’ai l’impression à travers tes vidéos que tu encourages les femmes racisées à être ambitieuses dans tous les domaines, à ne pas voir petit ?

S. B. : C’est une phrase que je dis tout le temps c’est toi d’abord ! Dans ta vie, tes finances, tes amours. C’est comme le masque dans l’avion, c’est toi d’abord et après tu peux donner. On a le droit à tout et en grand et en double exemplaire ! Les femmes racisées ont passé des lignées transgénérationnelles à se taire, se priver et se faire maltraiter. On doit y aller pour nos ancêtres, elles/eux ont dû rogner sur leurs besoins et leurs valeurs parce qu’iels n’avaient pas le choix ! Aujourd’hui je reprends le flambeau je vais prendre le porte voix et clamer mon droit, c’est le moment ! 

D : Te considères- tu comme coach de vie ?

S. B. : Je me considère comme accompagnatrice et facilitatrice d’espace. Pendant longtemps, j’ai eu peur d’exprimer toutes mes compétences. Mais aujourd’hui je dis sans crainte que je sais faire plein de choses et les faire bien 🙂

D : Si tu étais une chanson ?

S. B. : Zina du groupe Raina Raï

D : Si tu étais une ville ?

  1. B. : Alger & Dakar 

D : Si tu étais un plat ?

  1. B. : C’est cliché mais le tajine poulet olive c’est ma spécialité

Après cet entretien avec Sara, on ressent comme un était de flottement et de bien être, car ce droit au bonheur que revendique cette jeune femme est indéniable ! En cette période politique un peu grise et tendue, il est bon de se rappeler que cette vie sur Terre est aussi faite de bons moments et d’amour. Investissons en nous, soyons la génération qui casse le cycle de la toxicité, soyons heureuses et fortes, parce qu’on le vaut bien !

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